Une interview de Michael Schumacher générée par IA pose de sérieux problèmes légaux

L’IA a-t-elle le droit de générer de fausse interviews sans en avertir le principal intéressé ?

L’IA a-t-elle le droit de publier une interview fictive d’une personnalité ? Cette semaine, le tabloïd allemand Die Aktuelle a repoussé encore un peu plus loin les frontières éthiques de l’intelligence artificielle, en publiant un entretien “exclusif” avec le pilote de Formule 1 Michael Schumacher.

Ce 15 avril dernier, le magazine people avait fait sa Une avec le visage du sportif, accompagné de la légende “Michael Schumacher, la première interview“. Présenté comme “la première entrevue inédite” avec le sportif, après que ce dernier ait subi une grave lésion cérébrale lors d’un accident de ski survenu en 2013, l’entretien faisait office d’évènement. Il faut dire que depuis l’incident, celui qui était considéré comme le plus grand coureur automobile du monde a pris soin de protéger sa vie privée, en refusant toute apparition ou intervention publique.

Après les deepfakes les fausses interviews ?

Problème, le tabloïd a attendu les dernières lignes de son entrevue pour révéler que tout était faux. Pas d’interview exclusive à l’horizon, l’article était en fait un gigantesque canular, monté de toutes pièces grâce au concours de l’intelligence artificielle générative. La démarche n’a évidemment pas plu à la famille du principal intéressé, qui envisage de porter plainte. Un porte-parole de la famille Schumacher a ensuite confirmé sur la chaîne ESPN qu’une action en justice se préparait.

Selon les informations de Slashgear, le chatbot utilisé pour réaliser la fausse interview de l’égérie Ferrari serait Character.AI, développé à partir du modèle de langage de Google LaMDA.

Reste que la diffusion de fausse interview grâce à l’IA n’est pas un exercice inédit. L’année dernière, le très populaire et très controversé Joe Rogan a diffusé de fausses interviews générées par intelligence artificielle de Sam Altman, le PDG d’Open AI, mais aussi de Steve Jobs, le co-fondateur d’Apple décédé en 2011 sur son podcast The Joe Rogan Experience. Plus récemment, c’est un duo entre Drake et The Weeknd qui remettait en cause les notions de propriété intellectuelle.

Derrière les promesses qu’elle augure, l’IA est déjà un gouffre sans fond concernant la désinformation. De plus en plus convaincants, les robots générateurs d’images, de vidéo ou même de textes sont désormais difficiles à distinguer d’un contenu natif. Concernant les célébrités, dont l’image et la voix sont accessibles très simplement sur Internet, les organismes de règlementation risquent d’avoir bien du mal à légiférer sur l’attitude à adopter en cas d’usurpation d’identité par l’intelligence artificielle.

Rappelons que sur Bing GPT, le moteur de recherche de Microsoft alimenté par GPT-4, un mode célébrité vous permet déjà de converser avec Kevin Hart et Tom Cruise.

Slashgear

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