La Fédération des associations professionnelles des banques et établissements financiers de l’Uemoa (Fapbef-Uemoa) a tenu son Conseil fédéral le 13 janvier à Dakar. Lors de cette rencontre la présidente sortante Nana-Aïssa Ango a salué les réalisations, et Mamadou Bocar Sy qui lui succède, a quant à lui listé les défis à relever pour son mandat de deux années.
Le directeur national de la Bceao pour le Sénégal a transmis au nom du gouverneur Jean-Claude Kassi Brou ses suggestions dans le sens d’optimiser la stabilité financière et les efforts de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Dans son discours, Nana-Aïssa Ango a soutenu que la Covid-19 a solidifié les rapports entre l’autorité de régulation et les assujettis que sont les établissements de crédit. A ce propos, elle a rappelé que plusieurs entretiens et rencontres ont été organisés par le gouverneur de la Bceao sortant comme celui en exercice M. Jean-Claude Kassi Brou. En effet, dit-elle, le nouveau gouverneur, dès sa nomination, a réservé sa toute première audience au bureau de la Fapbef en avril 2022 à Abidjan, jetant ainsi les bases d’une collaboration directe, faite d’écoute et de partage.
La Fapbef-Uemoa a également bénéficié, selon elle, d’une oreille attentive auprès du secrétariat général de la Commission bancaire de l’Uemoa qui, en plus des réunions annuelles, a reçu dans une atmosphère empreinte d’objectivité, le bureau de la Fapbef-Uemoa. A cette occasion, poursuit-elle des sujets comme l’harmonisation de la fiscalité bancaire au sein de l’Union, les flux monétaires transfrontaliers, la prise en charge de certaines préoccupations des banques ont été abordés.
Par ailleurs, Nana-Aïssa Ango souligne que la rencontre avec les dirigeants de la Caisse de retraite par répartition avec épargne de l’Union monétaire Ouest africaine (crrae-Umoa), a également été d’une grande opportunité eu égard à la position et aux missions de la Fapbef et de celle de la Crrae dont le portefeuille compte presque la totalité des 159 établissements de crédit de notre zone.
Au-delà des rapports forts utiles avec les différentes institutions de l’Union, la présidente sortante de la Fapbef renseigne que celle-ci a mené durant les deux années de son magistère, en dépit de la persistance de la Covid-19, plusieurs activités, notamment les nombreuses rencontres statutaires tantôt en présentiel, mais le plus souvent par visioconférence, les démarches prometteuses pour l’acquisition d’un terrain et d’un accord de siège auprès du gouvernement du Bénin en vue de la construction du siège permanent de la fédération.
Elle a aussi fait le bilan de son mandat à la tête de la Fapbef/Uemoa en pointant notamment les activités comme le forum communautaire au Niger sur le financement des Pme/Pmi qui a connu, dit-elle, un franc succès avec l’élaboration d’un excellent rapport. Les travaux sur la requalification des Comités particuliers rattachés aux Conseils d’administration des établissements de crédit par la Commission bancaire en Comités spécialisés, la notion de partie liée, la réévaluation périodique des garanties hypothécaires, la gestion de la mise en œuvre des sanctions financières par la Cedeao et l’Uemoa à l’encontre du Mali etc, sont aussi cités parmi les activités menées du son mandat.
Le travail se poursuivra
Mamadou Bocar Sy , nouveau Président de l a Fapbef_Uemoa s’est engagé à poursuivre le travail entamé par son prédécesseur. Dans cette perspective, il a fait savoir que « le travail se poursuivra pour adresser les défis qui se profilent devant la profession bancaire ».
Ces défis sont entre autres, l’inclusion financière et la bancarisation des populations, la dynamisation du marché interbancaire, d’une part, le renforcement de la digitalisation et parallèlement celle de la cybersécurité, d’autre part, et enfin, la mise en œuvre efficace des dispositions bâloises, post période transitoire, sans occulter le fort volume du contentieux bancaire.
Il s’agit également pour le nouveau président, de faire face au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme, à la montée du taux d’inflation par pays et au sein de l’Uemoa, avec ses effets induits sur les crédits et les économies. Il s’agit ensuite des chantiers sur la nécessaire révision du management du capital humain dans un contexte de nouvelles expériences technologiques en matière de digitalisation et d’intelligence artificielle notamment.
Parmi les défis à relever et pas des moindres, Mamadou Bocar Sy pointe aussi la bonne adéquation entre les différentes réglementations et les activités bancaires, mais aussi et surtout, une plus grande satisfaction de la clientèle à travers le renforcement de la qualité des services et prestations bancaires et le financement des besoins exprimés.
« Il faut que la gestion de ces risques soit au cœur de vos préoccupations »
Le directeur national de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a été quant à lui, sans langue de bois face aux directeurs généraux des banques et établissements financiers. « Il convient d’accorder une attention toute particulière à la mise en place de cadres de gouvernance adéquats et conformes aux réglementations en vigueur », a-t-il lancé.
Pour Ahmadou Al Aminou Lo, il faut que la gestion de ces risques soit au cœur des préoccupations des banquiers qui sont également appelés à viser, par leurs actions, une plus grande maîtrise des risques opérationnels « que nous voyons dans les faits divers ».
Le directeur national de la Bceao a porté un message clair et ferme :« Ce n’est pas toujours à votre honneur que vous puissiez être dans les pages de faits divers pour des risques opérationnels qui nous semblent devoir être maîtrisés », assène M. Lo, avant de poursuivre sur le risque opérationnel extrêmement fort qui dit-il « vous guette à tout instant, à savoir la cybercriminalité qui doit être un enjeu majeur pour tous ».
Dans le même sillage, indique-t-il, l’autre point qui est une très forte réoccupation, est « l’efficacité des dispositifs de lutte contre les blanchiments de capitaux et le financement du terrorisme ». Car, a-t-il fait savoir, trois pays membres de l’Union sont inscrits sur la « liste grise » du Groupe d’action financière (Gafi) « malgré tous les efforts que nous faisons ». « Ce n’est pas normal qu’on puisse figurer sur cette liste encore longtemps », conclut-il.
Lejecos Magazine