Des facteurs conjoncturels ont aggravé une situation financière déjà très difficile pour l’Afrique subsaharienne, indique le Fmi dans son rapport sur les Perspectives économiques régionales publié le 14 avril.
Les options de financement des pays de la région se sont considérablement réduites au cours de l’année écoulée. Ce constat dressé par le Fmi dans la mise à jour de ses Perspectives économiques régionales, dévoilées le 14 avril dernier, vient confirmer une situation déjà perceptible depuis le début de l’année. Selon le Fmi, plusieurs facteurs concomitants sont à l’origine de la pénurie de financement que connaissent de nombreux pays d’Afrique subsaharienne : la hausse des taux d’intérêt au niveau mondial, la hausse des spreads sur les obligations souveraines et la dépréciation des monnaies de la région par rapport au dollar.
En effet, le durcissement accéléré des politiques monétaires au niveau mondial, provoqué par la hausse rapide de l’inflation au lendemain du déclenchement de la guerre menée par la Russie en Ukraine, a entraîné une hausse des taux d’intérêt dans le monde entier et une augmentation des coûts d’emprunt pour les pays d’Afrique subsaharienne, aussi bien sur les marchés intérieurs que sur les marchés internationaux. « Tout ceci vient s’ajouter aux difficultés que rencontrent déjà les pouvoirs publics en raison des répercussions de la pandémie de Covid-19 et de la crise du coût de la vie », indique le rapport.
Compte tenu de ces évolutions, souligne le Fmi, l’activité économique dans la région restera atone en 2023 : la croissance s’élèvera à 3,6 %, avant de se redresser à un niveau de 4,2 % en 2024, en supposant que l’on assiste bien à une reprise économique au niveau mondial, que l’inflation ralentisse comme prévu et que le resserrement de la politique monétaire prenne progressivement fin.
Par conséquent, la quasi-totalité des pays pré-émergents ont perdu l’accès aux marchés internationaux depuis le printemps 2022. Plus précisément, les émissions d’euro-obligations des pays de la région sont passées de 14 milliards de dollars en 2021 à 6 milliards au premier trimestre 2022.
Les coûts d’emprunt ont considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, au point que la part des paiements d’intérêts dans les recettes a doublé pendant cette période. À un niveau de 11 % des recettes hors dons en 2022, les paiements d’intérêts dans le pays médian d’Afrique subsaharienne sont à peu près trois fois plus élevés que ceux de la médiane des pays avancés.
Parmi les changements structurels à l’origine de cette augmentation des coûts d’emprunt, pointe le Fmi, il y a la baisse des budgets d’aide en faveur des pays de la région, qui a conduit certains d’entre eux à se tourner vers les marchés financiers, ce qui est plus coûteux. En outre, du fait de l’approfondissement des marchés financiers intérieurs et de l’intégration accrue des pays au sein des marchés internationaux de la dette, il est devenu plus facile pour le secteur privé de souscrire des emprunts à des conditions non concessionnelles.
Enfin, les flux de capitaux en provenance de Chine, qui ont un temps représenté une source de financement considérable, ont nettement marqué le pas ces dernières années. Cette pénurie de financement survient au pire moment possible, car la région souffre déjà de graves déséquilibres économiques.
Entre une inflation à deux chiffres (10% en février 2023), une dette publique relativement élevée (le ratio dette publique sur Pib de l’Afrique subsaharienne s’élevait à 56 % en 2022, un niveau jamais vu depuis le début des années 2000), et la chute des devises de la région par rapport au dollar, il va sans dire que les perspectives économiques sont plus que moroses.
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