Pour éviter les biopsies, une procédure souvent lourde, un appareil pourrait permettre de détecter le cancer et les métastases avec une simple prise de sang.
La détection du cancer pourrait bien devenir plus facile à l’avenir. Une équipe australienne vient de mettre au point un appareil capable de repérer les cellules tumorales dans le sang. Un geste bien moins lourd que la biopsie, consistant à prélever un morceau de la tumeur pour l’analyser, qui reste pour l’instant la procédure classique. Une avancée décrite dans la revue Biosensors and Bioelectronics.
Les cellules tumorales circulantes
Lorsqu’un cancer se développe, certaines cellules cancéreuses peuvent se détacher des tumeurs solides et infiltrer la circulation sanguine. Elles peuvent alors s’installer ailleurs dans le corps pour former une métastase. « Ce sont les cellules tumorales circulantes (CTC). Des cellules tumorales vont également mourir, se désagréger et libérer dans le sang des fragments de leur matériel génétique, de l’ADN tumoral circulant (ADNtc).
Les cellules cancéreuses peuvent aussi libérer des exosomes, contenant du matériel génétique et des protéines. ADNtc, CTC et exosomes sont des marqueurs de la présence de cellules cancéreuses aujourd’hui détectables par une simple prise de sang ou « biopsie liquide » », explique l’Institut national du cancer (INCa). Or, il reste difficile d’utiliser les cellules tumorales circulantes en routine clinique.
Elles sont en effet rares, il faut donc une grande sensibilité des appareils pour les détecter, mais aussi très hétérogènes, ce qui demande de bien réussir à les différencier. Jusqu’à présent, aucun marqueur universel n’avait été trouvé pour ces cellules.
Détecter les quantités de lactate
On sait des cellules cancéreuses qu’elles consomment plus de glucose que les autres cellules de l’organisme. Par ailleurs, elles produisent une quantité importante de lactate, un produit issu de la dégradation du glucose. Justement, l’appareil mis au point en Australie est capable de détecter la quantité de lactate dans les cellules, grâce à des colorants fluorescents. Lorsque le PH du milieu est acide, sous l’action des lactates, les colorants s’activent. En tout, la machine comprend « 38.400 compartiments destinés à isoler, classer et compter les cellules tumorales », explique l’étude.
Pour réussir à différencier les différentes cellules tumorales, l’équipe a comparé l’activité des leucocytes (les globules blancs) de donneurs sains à ceux de cellules cancéreuses d’un point de vue métabolomique. C’est-à-dire que l’ensemble des métabolites (sucres, acides aminés, acides gras, polyphénols, etc) présents dans la cellule ont été comparés afin de bien parvenir à les différencier. Une analyse moléculaire et génétique permet ensuite d’établir un diagnostic complet du patient.
Cet appareil, baptisé le Static Droplet Microfluidic, reste pour le moment en projet avant de pouvoir être utilisé dans les hôpitaux. L’équipe australienne vient de demander une demande de brevet. Il pourrait, à terme, permettre de détecter l’apparition du cancer plus facilement, mais aussi de surveiller l’apparition de métastases.
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