En Afrique, le régime américain de préférences commerciales AGOA n’a bénéficié qu’à une poignée de pays et de secteurs (rapport)

Parmi les 39 pays bénéficiaires du régime de préférences commerciales dédié à l’Afrique subsaharienne, cinq pays seulement accaparent 82% des exportations des produits non pétroliers vers les États-Unis. Sur le plan sectoriel, le textile-habillement représente la plus grande réussite du programme.    

Le programme AGOA (African Growth and Opportunity Act), un régime de préférences commerciales accordé depuis l’an 2000 par les États-Unis aux pays d’Afrique subsaharienne, n’a eu des impacts positifs que sur une poignée de pays et un nombre très limité de secteurs d’activité économique dans la région, selon un rapport publié le 17 avril par la Commission américaine du commerce international (USITC).

Commandé par la commission des Voies et Moyens (Ways and Means Committee) de la chambre basse du Congrès américain, ce rapport précise que cinq pays seulement sur les 39 pays bénéficiaires du régime AGOA ont accaparé 82% des exportations des produits non pétroliers vers les États-Unis. Il s’agit de l’Afrique du Sud, du Kenya, du Lesotho, de Madagascar et de l’Ethiopie.

En 2021, les importations américaines provenant des pays bénéficiaires de l’AGOA se sont élevées à 27,3 milliards de dollars. Ces importations demeurent cependant dominées par le pétrole brut.  

La valeur des importations américaines des produits non pétroliers des pays éligibles à l’AGOA, au titre de ce régime spécifique de préférence commerciales et du système généralisé des préférences (SGP, un autre dispositif permet l’importation par les Etats-Unis de marchandises originaires de pays en développement à des taux réduits ou nuls), est passée d’environ 8,2 milliards de dollars en 2001 à 6,8 milliards de dollars en 2021.  

Le taux d’utilisation moyen du dispositif AGOA, c’est-à-dire le taux auquel les exportateurs africains font appel à ce programme de préférences commerciales, a atteint 85 % pour l’ensemble des pays africains bénéficiaires. Ce taux varie cependant d’un pays à l’autre. 

Si l’on exclut le pétrole brut, 15 pays, dont le Nigeria, l’Angola, le Gabon, le Niger et le Mali, ont des taux d’utilisation inférieurs à 40%.  

Lancé en mai 2000, le programme AGOA permet aux pays d’Afrique subsaharienne éligibles d’exporter plus de 1700 produits vers les États-Unis sans payer des droits de douane. Ces produits s’ajoutent à quelque 5000 autres produits pouvant bénéficier d’un accès au marché américain en franchise de droits de douane dans le cadre du système généralisé de préférences.

Chaque année, Washington actualise la liste des pays éligibles à l’AGOA en fonction notamment de leur attachement à l’économie du marché, au respect de l’Etat de droit et aux politiques de lutte contre la pauvreté. Le dispositif prend aussi en considération, les avancées ou les reculs démocratiques des pays concernés.

Le textile-habillement, plus grand bénéficiaire

Agence fédérale indépendante chargée de fournir au congrès et au président des États-Unis des analyses et des études prospectives sur le commerce international, l’USITC souligne d’autre part que le secteur du textile-habillement est le plus grand bénéficiaire de l’AGOA.

Les réductions de droits de douane, qui peuvent aller jusqu’à 30 %, et la disposition relative aux tissus provenant de pays tiers, ont permis à plusieurs pays d’accroître leur capacité de production.

Les importations américaines de textile-habillement des pays bénéficiaires du régime sont passées de 953 millions de dollars en 2001 à 1,76 milliards de dollars en 2022. Plus de 95% de ces importations proviennent cependant de cinq pays seulement : le Kenya (31,5 %), Madagascar (19,9 %), le Lesotho (20,6 %), l’Ethiopie (18,3 %) et l’Île Maurice (5,1 %).

Le rapport indique par ailleurs que le régime AGOA a globalement eu des impacts positifs très limités sur le développement économique, l’intégration régionale, la création d’emplois, la réduction de la pauvreté, et l’amélioration des conditions de vie des groupes sociaux marginalisés ou mal desservis.

L’unique exception concerne le secteur du textile-habillement qui a joué un rôle important, notamment dans les domaines de la création d’emplois (entre 240 000 et 290 000 emplois dans les huit plus importants pays exportateurs vers les États-Unis) et de l’amélioration des conditions de vie de certains groupes mal desservis comme les femmes (entre 70 et 90% du total de la main d’œuvre dans le secteur).

Le rapport révèle par ailleurs que l’Afrique du Sud accapare la quasi-totalité des importations américaines de produits chimiques des pays bénéficiaires de l’AGOA, dont la valeur s’est élevée à 384 millions de dollars en 2021.

En ce qui concerne le coton, les États-Unis n’importent que des quantités négligeables de cette matière première des pays bénéficiaires de l’AGOA, et plus largement de l’Afrique subsaharienne.

S’agissant du cacao, les importations américaines ont dépassé 1,2 milliard de dollars en 2021. Mais 8% seulement de ces importations ont été réalisées dans le cadre du régime AGOA, qui ne couvre que deux produits transformés à base de cacao.  

agence ecofin

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