L’Argentine paie cash en dollars pour importer sa propre monnaie qui perd de la valeur de jour en jourLes Argentins font leurs courses alimentaires avec des grosses coupures qui perdent de la valeur chaque jour.
Contraintes de faire tourner la planche à billets pour avoir assez de monnaie en circulation face à une terrible inflation, les manufactures nationales n’arrivent pas à suivre. L’Argentine doit donc lancer des appels d’offres à l’étranger pour obtenir des billets de sa propre devise.
L’Argentine est en proie à une inflation hors de contrôle : 104,3 % en glissement annuel, selon les chiffres de la semaine. De quoi plomber le niveau de vie de la population, qui fait majoritairement ses courses avec des billets de 1.000 pesos. 4,5 dollars au taux de change officiel, 2,5 dollars officieusement, qui permettent d’acheter un kilo de tomates ou d’oranges, selon l’édition argentine d‘El País. Depuis janvier, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 28,2 %.
La planche à billets s’échauffe
Des billets dont le pays manque, alors que leur usage se fait de plus en plus courant à chaque dévaluation monétaire. Mais là où la situation vire kafkaïen, c’est que l’Argentine n’a pas les moyens de les produire elle-même, les deux succursales d’État imprimant d’habitude les billets n’arrivant plus à suivre la demande. Le pays se trouve réduit à importer ses propres billets de banque. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois dans son histoire : il avait dû importer du papier-monnaie brésilien durant un épisode similaire en 2011.
Cette fois-ci, Buenos Aires a opté pour la France et Malte comme pays fournisseurs, après deux appels d’offres de la part de la Casa de Moneda, l’hôtel des monnaies du pays, qui est présidé depuis le 20 janvier par Ángel Mario Elettore précise le quotidien argentin La Nacion. Le projet, toujours selon le journal, est d’importer 1.166 palettes de pesos dans un délai maximum de six mois, afin de les mettre en circulation dans le pays. Plus précisément, le chargement comprendra 92.721 kilos de billets sur 360 palettes depuis Paris, et 182.963 kilos de billets sur 806 palettes venues de Malte.
Des palettes de billets par avion
La Casa de Moneda a confirmé l’appel d’offres, sans préciser le nombre de billets qui seraient importés, pour des raisons de sécurité. « Il est expressément interdit de révéler les valeurs de production et les volumes, mais il est possible de préciser que la Casa de la Moneda dispose de tous les pouvoirs nécessaires pour passer des contrats et sous-traiter l’impression des billets sur les marchés existants, dans le respect des besoins et des obligations convenus », a commenté l’institution.
Les billets seront d’abord acheminés par avion, avant d’opter pour le transport par mer, qui coûtera moins cher à l’État argentin.
Business AM