Iran: la répression ne faiblit pas face aux opposants, plusieurs incarcérations

Le pouvoir de Téhéran fait toujours face à des voix dissidentes et contestataires et maintient une répression sévère à leur égard. Lundi 24 avril, la famille de Keyvan Samimi a indiqué que le journaliste a de nouveau été arrêté, et deux actrices sont visées par des plaintes pour être apparues sans voile en public.

Libéré le 26 janvier après plus de deux années derrière les barreaux, Keyvan Samimi est de retour à la case prison. Le journaliste dissident iranien, âgé de 74 ans, « a été arrêté jeudi (20 avril) », a indiqué sa famille, qui n’a « toujours pas d’autres informations sur le service responsable de son interpellation ni sur l’endroit où il se trouve ».

En décembre 2020, Keyvan Samimi avait été emprisonné pour « complot contre la sécurité nationale ». Un mois avant sa libération en janvier 2023, il avait publié un message de soutien, depuis sa cellule, en soutien au mouvement de contestation déclenché après la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022. Au moment de sa libération, le journaliste était, selon ses proches, toujours accusé d’« association contre la sécurité du pays » dans un autre dossier. Et depuis janvier, il avait rencontré de nombreux militants et personnalités politiques.

Keyvan Samimi a été emprisonné à plusieurs reprises avant et après la Révolution islamique de 1979. L’ONG Reporters Sans Frontières indique que sa nouvelle arrestation a pour motif un contact avec « une secte déviante » à l’étranger et exige sa libération immédiate.

Les autorités font pression sur les femmes qui ne portent pas le voile
Dans le même temps, la police de Téhéran a porté plainte contre deux célèbres actrices iraniennes après qu’elles sont apparues en public dans la capitale sans le voile obligatoire, ont annoncé des médias locaux. « La police de Téhéran a annoncé le dépôt d’une plainte en justice contre les actrices Katayoun Riahi et Pantea Bahram pour avoir commis le crime de retirer le hijab en public et avoir publié des photos sur internet », a indiqué lundi 24 avril dans la soirée l’agence de presse Tasnim.

Cette annonce intervient après l’entrée en vigueur à la mi-avril d’un nouveau plan de la police pour durcir le contrôle du port du voile par les femmes, obligatoire depuis la Révolution islamique de 1979. Celles se montrant en public sans hijab sont désormais traquées par des caméras de surveillance déployées par le régime.

Ces derniers mois, et notamment après la mort de Mahsa Amini, de plus en plus de femmes sont apparues sans voile dans la rue. Il y a quelques jours, des photos de Pantea Bahram posant tête nue à l’occasion d’une projection dans un cinéma de Téhéran étaient devenues virales. Katayoun Riahi a également publié des clichés similaires. En novembre 2022, elle avait passé plus d’une semaine en détention pour s’être montrée ainsi sur Instagram, avant sa libération sous caution.

Golrokh Iraee condamnée à sept ans de prison
L’écrivaine et défenseure des droits humains Golrokh Ebrahimi Iraee, elle, est de retour en prison depuis quelques jours. Déjà incarcérée à plusieurs prises ces dernières années, la militante iranienne a été condamnée une nouvelle fois à la prison. L’agence HRANA (Human Rights Activists News Agency) a indiqué, le 13 avril qu’elle a écopé d’une peine de sept ans de prison et de peines additionnelles par la 26e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, présidée par le juge Iman Afshari.

Golrokh Iraee a été reconnue coupable de « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale », délit qui lui vaut six ans de prison. Pour « propagande contre le régime », elle est condamnée à un an de prison. En outre, il lui est interdit de quitter le pays, de se rendre à Téhéran et de rejoindre des groupes politiques et civils pendant deux ans. Son téléphone portable lui a également été confisqué.

L’activiste de 43 ans avait été arrêtée le 26 septembre 2022 à Téhéran. Son procès s’est tenu le 4 janvier 2023, un peu plus de trois mois avant le verdict.

AFP

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