Député du Var, maire de Fréjus pendant vingt ans, ministre de la Culture puis de la Défense en période de cohabitation, François Léotard était un homme politique de droite, ancien patron de l’Union pour la démocratie française (UDF) de 1996 à 1998. Il avait été condamné par la Cour de justice de la République à deux ans de prison avec sursis dans l’affaire Karachi.
Originaire de Cannes dans le sud de la France, passé par l’ENA, François Léotard fut à la fois maire de Fréjus de 1977 jusqu’à 1997, conseiller régional, député du Var, et deux fois ministres. C’est dire si l’action politique fut au cœur de la vie de cet homme, souvent brocardé par son frère Philippe, comédien, qui s’autoproclamait « ministre de la défonce » alors qu’il était au gouvernement.
Dans les années 1985-1990, il fut l’un des quadragénaires en vue de la droite française avec Alain Madelin et Gérard Longuet, entrés également à l’Assemblée nationale en 1978. Ces jeunes loups de la politique, chouchous des médias, affichaient un libéralisme décomplexé, s’inspirant de l’arrivée au pouvoir aux États-Unis de Ronald Reagan.
Ministre de la Culture dans le gouvernement de Jacques Chirac, sous la présidence de François Mitterrand, de 1986 à 1988, il renonce à l’idée d’être candidat à l’élection présidentielle. En 1993, il devient ministre de la Défense dans le gouvernement d’Édouard Balladur, ce qui le place en première ligne dans l’opération « Turquoise », intervention très critiquée des troupes françaises au Rwanda, sous mandat de l’ONU.
En 2001, il quitte la vie politique, dégoûté de son aspect « prostitutionnel » fait de flatteries et de mensonges. La suite de sa vie sera marquée par les affaires. Condamné en 2004 à dix mois de prison avec sursis pour blanchiment et financement illicite d’un parti, à deux ans de prison avec sursis et 100 000 euros d’amende dans l’un des volets de l’affaire Karachi en 2021, un dossier complexe qui avait établi l’existence de rétrocommissions sur des contrats d’armement avec l’Arabie saoudite et le Pakistan destinées à financer en partie la campagne présidentielle d’Édouard Balladur en 1995.
Il consacre ses dernières années à l’introspection via l’écriture avec notamment un livre consacré à son frère, comédien, poète et chanteur, Philippe Léotard, « À mon frère qui n’est pas mort », décédé en 2001, suivi d’autres romans ou mémoires.
Emmanuel Macron a annoncé sa mort sur Twitter.
François Léotard a servi l’État et porté une grande idée de la culture. Avec sa disparition, nous perdons un esprit libre, un homme de livres et d’engagement. Son Var natal, la France qu’il a défendue, la République qu’il aimait éprouvent aujourd’hui une grande perte.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 25, 2023
Plusieurs hommages ont suivi. Celui de l’actuel ministre des Armées, Sébastien Lecornu.
Émotion à l’annonce du décès de mon prédécesseur François Léotard.
Homme de conviction et d’engagement, les armées gardent de lui le souvenir d’un homme profondément attaché à la souveraineté et à l’indépendance de la France. https://t.co/liv6ZaqEcv
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) April 25, 2023
Ou encore de Renaud Muselier, président de la région Sud.
La #RegionSud, sa région, s’incline devant la mémoire de François Léotard.
Ministre de la Défense, de la Culture, 4 fois député du Var, maire de Fréjus pendant 20 ans, il était un homme d’Etat et de territoires.
Je pense avec émotion à tous les siens et à ceux qui l’ont aimé. pic.twitter.com/WxKS4hmHDr
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) April 25, 2023
RFI