Floride : Disney porte plainte contre le gouverneur Ron DeSantis, l’accusant de « vengeance ciblée »

Le géant du divertissement Disney a déposé plainte mercredi contre le gouverneur de Floride Ron DeSantis, l’accusant d’avoir orchestré une « campagne » pour mener une « vengeance gouvernementale ciblée ». En février, le gouverneur avait mis fin à la large autonomie dont bénéficiait l’entreprise dans son État depuis les années 1960.

Le bras de fer se poursuit en Floride. Disney a porté plainte mercredi 26 avril contre le gouverneur de Floride Ron DeSantis, assimilant les mesures du ténor de la droite dure américaine, qui a mis fin au statut spécial de l’entreprise dans son État, à une campagne de « vengeance ciblée » envers le groupe.

Employeur majeur dans cet État du Sud avec son parc d’attractions Disney World à Orlando, le géant du divertissement a été récemment sanctionné par Ron DeSantis pour avoir défendu des positions progressistes. Le gouverneur, potentiel candidat à la Maison Blanche, a fait de la lutte contre le « wokisme » un de ses principaux chevaux de bataille.

Dans sa plainte, Walt Disney Parks and Resort accuse Ron DeSantis d’avoir orchestré une « campagne » pour mener une « vengeance gouvernementale ciblée » à son encontre, pour le punir d’avoir exercé sa « liberté d’expression ». Cela « menace désormais les activités commerciales de Disney, met en péril son avenir économique dans la région et viole ses droits constitutionnels », argue l’entreprise.

Le groupe s’était attiré les foudres du gouverneur en dénonçant un projet de loi qui restreignait l’enseignement des sujets en lien avec l’orientation sexuelle dans les écoles primaires de Floride.

« Mesure de rétorsion »
Depuis, Ron DeSantis a supprimé en février le statut spécial de Disney dans son État, mettant fin aux avantages – facilités administratives, autogestion du site, emprunts avantageux, etc. – dont le parc d’attractions Disney World bénéficiait depuis les années 1960.

À la suite de cette décision, un comité de régulation du tourisme nommé par Ron DeSantis a approuvé mercredi l’annulation d’un accord commercial récemment passé avec le parc qui emploie 75 000 personnes et attire 50 millions de visiteurs par an.

Disney réagit en dénonçant dans sa plainte « une mesure de rétorsion, manifestement anticommerce et manifestement inconstitutionnelle ». Le groupe estime qu’il « n’a pas d’autre choix que d’intenter cette action en justice pour protéger ses employés, ses clients et ses partenaires ».

Début avril, le patron de Disney, Bob Iger, avait déjà accusé publiquement Ron DeSantis de prendre une « mesure anticommerce » qui enfreignait « le droit à la liberté d’expression » de l’entreprise.

Disney prévoit d’investir plus de 17 milliards de dollars dans Disney World au cours de la prochaine décennie, de créer plus de 10 000 emplois et d’attirer encore plus de touristes en Floride, avait-il souligné.

« Toute action visant à contrecarrer ces efforts simplement pour se venger d’une position prise par l’entreprise semble non seulement anticommerce, mais aussi anti-Floride », avait estimé Bob Iger.

Une prison près du parc ?
Le patron de Disney avait dressé un parallèle avec certaines prises de position d’entreprises américaines en faveur de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, dans les années 1960.

Dans sa plainte, le groupe s’inquiète des nouvelles mesures de rétorsion que le gouverneur de Floride pourrait prendre.

Mi-avril, le gouverneur a publiquement envisagé de construire près de Disney World une « prison d’État » ou un parc d’attractions concurrent. Il a aussi évoqué l’idée de mettre en place des taxes supplémentaires sur les hôtels du site ou des péages routiers autour.

« Je pense que les possibilités sont infinies », avait-il lancé, bravache, lors d’une conférence de presse.

Figure de la droite populiste aux États-Unis, Ron DeSantis est largement vu comme le concurrent le plus sérieux de Donald Trump pour la primaire républicaine.

Sa lutte contre Disney commence toutefois à générer certaines critiques à droite. Certains républicains fustigent un combat anti-entreprises qui va à l’encontre de la tradition de leur parti, d’habitude ouvertement « pro-business ».

AFP

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