Le Québec gère mal l’érosion et la submersion de ses berges

Québec peine à s’adapter aux changements climatiques en matière d’érosion des berges et de submersion côtière

Québec peine à s’adapter aux changements climatiques en matière d’érosion des berges et de submersion côtière, ce qui pourrait mettre la sécurité des Québécois en danger et coûter très cher aux contribuables d’ici 2065.

C’est le constat de la commissaire au développement durable dans son plus récent rapport déposé à l’Assemblée nationale mercredi matin.

«Nos travaux démontrent que la gestion des risques liés à l’érosion et à la submersion côtière effectuée par le ministère de l’Environnement, le ministère de la Sécurité publique ainsi que le ministère des Transports présente des lacunes et n’est pas efficace», a affirmé la commissaire Janique Lambert.

Selon le Plan pour une économie verte, l’adaptation aux changements climatique est l’un des enjeux importants du gouvernement de la CAQ.

La commissaire souligne que les changements climatiques constituent les principales causes de la hausse de l’érosion et la destruction des côtes du Québec, ce qui pourrait causer des dommages de 1,5 milliard d’ici 2065.

Pour l’ensemble des impacts des changements climatiques, le ministère n’a pas évalué la totalité des coûts qui devront être déboursés. «On sait que ça va coûter cher», a soutenu le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, hier.

Écoutez la commissaire au développement durable du Québec Janique Lambert discuter de son rapport au micro de Philippe-Vincent Foisy via QUB radio :

Des risques

Encore une fois, les principales victimes de l’impact de l’érosion de berges due aux changements climatiques sont les municipalités. Leurs citoyens peuvent encore se construire à des endroits risqués, parce que les cartes de zones de contraintes n’ont toujours pas été produites pour toutes les municipalités côtières.

«Ces cartes déterminent des zones à l’intérieur desquelles certaines mesures préventives décrites au cadre normatif doivent s’appliquer, comme l’interdiction de construire de nouveaux bâtiments», indique le rapport.

Mme Lambert admet qu’il y a «certainement un risque» pour la sécurité des citoyens.

«Il ne faut pas oublier que nous sommes dans un contexte de changements climatiques, donc il est important de connaître ces zones. […] Tout part de l’aménagement du territoire. Ça, c’est la prévention. Il faut miser sur la protection», a-t-elle mentionné.

Et, encore une fois, elles manquent de soutien technique et financier pour réussir à s’adapter.

«Peu de municipalités bénéficient de l’encadrement et du soutien nécessaires du ministère de la Sécurité publique et du ministère de l’Environnement pour prendre en charge efficacement les risques liés à l’érosion et à la submersion côtières», indique la commissaire.

Manque de prévention

Elle rappelle que l’érosion et la submersion des côtes entraînent des risques pour la sécurité des personnes, l’intégrité des infrastructures et les écosystèmes côtiers.

Pas moins de 50% des rives à l’est du territoire étaient déjà à risque en 2013.

Or, la commissaire constate que 10 ans plus tard, les dépenses du ministère des Transports en matière d’érosion et de submersion n’ont pas été injectées en prévention, mais l’ont été majoritairement à la suite de dommages.

«Sa planification ne s’appuie pas sur un portrait complet des risques par ces aléas pour le réseau routier sous sa responsabilité», note le rapport.

Elle critique également le ministère de la Sécurité publique, estimant qu’il n’a pas mis en place une planification à long terme des projets d’adaptation pour atténuer ces risques à un niveau acceptable. Cette planification comporte d’ailleurs «des lacunes».

Le ministère de l’Environnement «n’a pas identifié les activités nécessaires à la conservation des écosystèmes», signale aussi la commissaire.

Par ailleurs, elle constate que le Québec manque de connaissances importantes sur l’érosion des berges. Puis, les connaissances acquises ne sont pas pleinement accessibles.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charrette, a mentionné qu’il n’avait pas lu encore le rapport, mais admet que «la cohésion doit être renforcée» avec la Sécurité publique et les Transports.

DESTRUCTION DE MILIEUX HUMIDES
Bien que le Québec a adopté la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques pour freiner leur perte et obtenir des gains, le ministère de l’Environnement est incapable d’en assurer la protection.

«La majorité des autorisations ministérielles délivrées» afin que soient effectués des travaux en milieux humides durant les 10 dernières années «n’a fait l’objet d’aucune inspection de conformité.» Aucune vérification n’a été pour 60% des projets.

le Québec vu d’en haut
Il s’agit d’un autre constat de la commissaire au développement durable, Janique Lambert. Plusieurs lacunes ont été observées dans les mécanismes mis en place pour protéger ces milieux. Le ministère est incapable d’avoir l’assurance que les projets (construction) réduisent au minimum l’impact sur ces milieux. Pire encore, il gère mal les programmes de restauration et de création de milieux humides servant «à compenser efficacement les pertes.»

«On espère qu’il y aura une grande amélioration […] Ce que l’on sait, c’est que c’est important les milieux humides et hydriques et on doit les protéger. C’est unanime pour l’ensemble de la communauté scientifique», a-t-elle dit.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charrette, se défend et assure qu’il y a eu de «nombreuses bonifications» dans les dernières années «pour valoriser les milieux humides.» Il assure que l’augmentation de la proportion des aires protégées permettra de protéger des milieux humides.

DES DOUTES SUR LES ÉVALUATIONS
Par ailleurs, la commissaire a évalué la justesse de l’Indice de performance en matière de développement durable qui permet aux citoyens de surveiller les efforts environnementaux des ministères et organismes.

Là aussi, la commissaire constate des lacunes, «ce qui sème le doute sur les résultats obtenus.

Selon elle, la note globale «pourrait ne pas donner un portrait fidèle de la réalité», critiquant un manque d’indépendance dans la mise en œuvre d’évaluations.

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