La Norvège se fâche avec la Suède après l’impact d’une fusée sur son territoire

La fusée TEXUS 58 a mal négocié son atterrissage, ce qui a valu quelques remontrances à l’opérateur suédois de la part du camp norvégien.

D’après Politico, une fusée suédoise a récemment fini sa course en Norvège. L’incident, ou plutôt le manque de transparence du camp suédois a suscité de vives critiques de l’autre côté de la frontière.

L’engin en question, baptisé TEXUS-58, a décollé ce lundi depuis les nouvelles installations du centre spatial Esrange, inaugurées par la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen en janvier. Elle a conduit une série d’expériences en microgravité à 250 km d’altitude pour le compte de l’Agence spatiale européenne.

La première, baptisée VIPer, doit contribuer au développement de cristaux de haute qualité qui pourront servir, entre autres, à la construction d’une nouvelle génération de panneaux solaires. Une autre, nommée Perwaves, a étudié la combustion d’une poudre de fer en microgravité dans l’objectif de développer de nouvelles technologies de propulsion plus efficaces.

On peut aussi citer ICAPS, une expérience qui étudie l’agglomération de la poussière dans l’espace. Ces travaux contribueront à la recherche sur la formation des planètes, et par extension, sur l’apparition de la vie sur Terre.

Un problème de trajectoire… et de communication

La première phase s’est déroulée sans incident notable. Mais la fin de mission, en revanche, ne s’est pas passée comme prévu. Le court communiqué de la Swedish Space Corporation (SSC) explique que la trajectoire de l’engin a été légèrement déviée vers l’ouest, pour une raison non précisée. Il a fini sa course sur le territoire du voisin norvégien, à une quinzaine de kilomètres de la frontière.

Heureusement, le point d’impact est situé dans une zone montagneuse très peu peuplée. Aucune perte humaine n’est à déplorer et aucune infrastructure n’a été touchée. Mais même en l’absence de dégâts, le gouvernement de Jonas Gahr Støre pouvait légitimement s’attendre à ce que la Suède l’en informe dans les plus brefs délais.

Or, les autorités norvégiennes affirment avoir appris la nouvelle bien plus tard, par l’intermédiaire d’un communiqué de presse. Elles ont donc critiqué l’opérateur suédois pour son manque de réactivité et de transparence.

« Le crash d’une fusée comme celle-ci est un incident très sérieux qui peut provoquer des dégâts sévères », a déclaré le ministère norvégien des Affaires étrangères selon Politico. « Lorsqu’une telle violation des frontières survient, il est crucial que les responsables en informent immédiatement les autorités compétentes à travers les canaux appropriés ».

La formule employée par l’institution norvégienne n’est pas forcément très heureuse, car elle sous-entend que l’engin aurait atterri avec fracas ; ce n’est pas le cas. La chute a été amortie comme prévu par les parachutes. TEXUS 58 s’est donc posée en un seul morceau, après quoi le matériel expérimental a pu être récupéré assez rapidement.

Et cela a d’ailleurs fait émerger un autre point de friction. En effet, la Suède aurait aussi pris quelques libertés au niveau de la récupération de l’engin, qui a été bouclée le 24 avril. La Norvège suggère que la procédure aurait été lancée sans son autorisation, pourtant indispensable dans ce cas de figure.

La concurrence en embuscade

Plutôt étonnant, sachant que le communiqué du SSC affirme que les autorités norvégiennes ont été contactées dans la foulée. Les raisons de ce flou ne sont pas claires à l’heure actuelle. Difficile de dire s’il s’agit simplement d’une maladresse diplomatique ou d’une volonté de dissimuler l’incident. Quoi qu’il en soit, Politico explique que l’accident est plutôt embarrassant pour l’opérateur suédois.

Et pour cause : le site d’Esrange est censé devenir un haut lieu de l’aérospatiale européenne. Il ne s’agit pas d’une base de lancement de véhicules lourds, comme Kourou en Guyane française. Mais il fait tout de même partie intégrante des plans de l’ESA. L’agence prévoit notamment d’en faire un site de test majeur pour des petits lanceurs réutilisables privés. A terme, elle cherche à se conformer au standard imposé par SpaceX. Et les bévues de ce genre ne vont certainement pas encourager les startup européennes à s’implanter à Esrange.

Car en parallèle, plusieurs autres sites de ce genre sont actuellement en construction aux quatre coins de l’Europe. Dont un sur l’île norvégienne d’Andøya, à quelques centaines de kilomètres de là. Cet accident fait donc mauvais genre pour les responsables du site. Il envoie un mauvais message aux entreprises privées qui développent des fusées. Certaines d’entre elles pourraient donc privilégier des installations concurrentes au lieu de tester leurs technologies à Esrange.

Politico

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