Récupérer le verre, le traiter, le travailler et en faire des bouteilles neuves: si ce matériau est recyclable à l’infini, sa réutilisation reste gourmande en énergie, dont les industriels tentent de réduire la consommation.
« Il y environ 60 kg d’impuretés à la tonne: on enlève les bouchons, les étiquettes, le plastique », précise-t-elle, en arpentant les collines de déchets formées au fur et à mesure du ballet des camions, sur le site de traitement que son entreprise gère à Saint-Juéry, dans le Tarn.
Une fois les impuretés éliminées, des machines automatisées séparent le verre blanc du verre coloré pour constituer deux grands tas de calcin.
Il est ensuite transféré près de là, à la Verrerie ouvrière d’Albi (VOA) détenue par Verallia, troisième producteur mondial d’emballages en verre pour boissons et produits alimentaires.
Matériau moins énergivore
Une fois franchies les grilles de la verrerie, sur laquelle veille une statue de Jean Jaurès, le calcin est acheminé jusqu’aux fours, où la température est maintenue à 1.350 degrés.
Ce matériau issu du recyclage entre dans la fabrication d’une grande partie des bouteilles, certaines en contenant jusqu’à 86%.
Champagne, cognac, spiritueux haut de gamme… Dans une chaleur accablante, les 320 salariés de l’usine albigeoise veillent à la confection de 340 modèles différents de bouteilles, sur de longues lignes de production mécanisées.
Si la composition, qui entre en fusion en début de chaîne, varie selon l’objet final voulu, la présence de calcin permet de limiter les besoins en sable. Pour environ 100.000 tonnes de calcin provenant du centre de traitement des déchets, Verallia utilise 50.000 tonnes de sable par an.
« C’est notre intérêt de recycler du calcin car le fondre est moins énergivore que de fondre de la matière première », assure Fabien Cordier, directeur de l’usine albigeoise de Verallia, en se tenant à bonne distance des parois brûlantes des gigantesques fours.
« Une tonne de calcin recyclé, c’est 180 grammes de CO2 en moins », précise-t-il.
La fabrication du verre reste toutefois énergivore, avec des fours qui chauffent en continu et à 80% au gaz, le reste à l’électricité.
Dix bouteilles par seconde
Ces derniers mois, face aux difficultés d’approvisionnement en gaz liées à la guerre en Ukraine, et pour pouvoir maintenir la cadence de dix bouteilles produites par seconde, l’usine a été contrainte de recourir au fuel.
« Ce n’est pas quelque chose qu’on souhaite faire », ajoute M. Cordier, énonçant l’objectif de l’entreprise de « baisser de 46% les émissions de CO2 d’ici 2030 ».
Verallia, ajoute-t-il, cherche en parallèle à « renforcer la circularité des emballages (…) en appuyant les collectivités locales de manière à ce qu’on recycle plus, en sensibilisant mieux la population afin de recycler plus de calcin ».
La présence dans la région d’une usine fabriquant chaque année 300 millions de bouteilles, et d’un centre de traitement des déchets associé, est un atout aux yeux des collectivités qui gèrent la collecte du verre.
« Il faut sans cesse rappeler les consignes de tri, et en termes de communication, le recyclage du verre est ancré dans l’histoire de l’Albigeois.
On s’appuie dessus », affirme Jean-François Rochedreux, vice-président de l’agglomération chargé du traitement des déchets.
AFP