Un mystérieux phénomène touche certaines toiles de Pierre Soulages. La peinture s’écaille à certains endroits, tandis qu’elle se ramollit et redevient liquide à d’autres. « C’est vraiment poisseux. Si on regarde à la lampe à UV, on voit un petit suintement. On voit quelque chose d’un peu plus brillant et des petites gouttes qui se forment.
Et quand elles sont vraiment formées, ça peut être un écoulement de plusieurs centimètres de long qui sort d’un empâtement », explique la restauratrice spécialiste de Soulages, Pauline Hélou de la Grandière, doctorante à Cergy Paris Université, auprès de France Info.
Les ?uvres de l’artiste décédé en octobre 2022 ne sont pas les seules touchées par cet étrange phénomène. « On retrouve les mêmes altérations dans les peintures de Soulages que dans les peintures d’autres artistes qui travaillaient à Paris à la même période et qui se fournissent chez les mêmes marchands de couleurs », précise la restauratrice dans une vidéo réalisée par des chercheurs du CNRS avec Le Monde. Au total, une dizaine d’?uvres seraient concernées.
Plusieurs pistes
Face à ce mystère, des chercheurs du CNRS et de l’Institut d’optique de Saint-Étienne ont analysé les trois ?uvres de Pierre Soulages touchées par ce phénomène. Les chercheurs émettent pour le moment plusieurs hypothèses pour expliquer cette dégradation. La première repose sur la conservation des ?uvres. À LIRE AUSSIPierre Soulages, le peintre explorateur du noir, est mort
« Ce sont des toiles qui ont été exposées immédiatement après leur création, dans des expositions qui sont parfois parties très loin, donc qui ont été stockées tout de suite dans des caisses, mises dans l’obscurité et avec des variations de climat », explique Pauline Hélou de la Grandière.
Les ?uvres touchées par le phénomène ont également été peintes à la même période à Paris, alors qu’une forte « pollution au sulfure » était présente dans la capitale. Une autre explication pourrait également se trouver chez le fournisseur de peinture. L’enjeu est important : comprendre le phénomène permettrait de protéger d’autres toiles de l’après-guerre.
lepoint