Tout savoir sur la grippe aviaire, cette maladie qui a tué des centaines de milliers d’oiseaux

Vous avez forcément entendu parler de la grippe aviaire. Cette maladie, qui touche les oiseaux et qui peut se transmettre à l’homme, inquiète. Explications

Chaque année, les mêmes histoires se répètent : des dizaines de milliers d’oiseaux sont abattus ou retrouvés morts. Dernier exemple en date, près de 14 000 oiseaux de mer ont été découverts sans vie au Pérou. En septembre, un émeu star de Tik Tok était, lui, entre la vie et la mort. La coupable ? La grippe aviaire.

Le problème est que depuis quelques mois, la maladie progresse, contaminant des oiseaux, y compris à des périodes où elle n’est normalement pas active.

« La situation sanitaire au regard de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) en France s’est détériorée depuis le mois d’août et a empiré au cours des dernières semaines, indique ainsi le site du Ministère de l’agriculture. Le nombre de 100 foyers d’influenza aviaire en élevage a été atteint le 2 décembre dernier. Dans la faune sauvage le nombre de cas a aussi fortement progressé en France métropolitaine et en Europe. »

Qu’est-ce que la grippe aviaire ?

Selon l’Institut Pasteur de Lille, « la grippe aviaire est une infection due à un orthomyxovirus qui touche les oiseaux (les vétérinaires préfèrent utiliser le terme de « peste aviaire » pour la définir). Ces virus peuvent dans certains cas infecter l’Homme.

Au sein des orthomyxovirus, responsables de la grippe (les virus influenzae) on distingue les virus de type A, B et C. Les virus de type B et C n’infectent que l’Homme, alors que les virus de type A peuvent infecter l’Homme et plusieurs espèces animales. Les virus de type A possèdent à leur surface des structures particulières :

  • L’Hémagglutinine. Elle permet au virus de se fixer au niveau d’une cellule et d’y pénétrer. Il en existe 16 types différents (référencés H1 à H16).
  • La Neuraminidase. C’est grâce à cette enzyme que le virus, après s’être multiplié dans une cellule, peut se libérer. Il en existe 9 types différents (référencés de N1 à N9) ».

La grippe aviaire et les oiseaux

Selon la Ligue pour la Protection des Oiseaux, la grippe aviaire peut toucher tous les oiseaux, que ce soient les espèces sauvages, comme les oiseaux marins et migrateurs par exemple, ou même les oiseaux domestiques. Chez ces derniers, les poulets, les canards et les dindes sont les espèces chez qui les risques de maladie et de mortalité sont les plus élevées.

Depuis plusieurs mois, les oiseaux de mer, comme les fous de Bassan, les mouettes et les goélands, sont victimes de la maladie, qui tue à un rythme sans précédent, y compris l’été, alors qu’elle ne se transmet habituellement pas à cette période.

De manière générale, la gravité de la maladie dépendra de la souche et du type d’oiseau contaminé. Certains Influenzavirus peuvent même infecter d’autres animaux, comme les porcs.

Selon l’Organisation mondiale de la santé animale, ce sont « les déjections et les sécrétions respiratoires des oiseaux qui transmettent le virus. La contamination se fait donc par contact direct avec les sécrétions d’oiseaux infectés, la nourriture ou l’eau. La maladie peut également se répandre de ferme en ferme par le biais des équipements agricoles, des roues de voitures, des bottes des éleveurs, etc ».

Chez les oiseaux sauvages, les canards, oies, les bernaches, ou encore les cygnes sont suspectés d’être les réservoirs de nombreuses souches. Etant des oiseaux migrateurs, ils pourraient participer fortement au mécanisme de propagation de la maladie.

Mais selon la LPO, le transport d’animaux et les élevages constituent de meilleurs vecteurs de propagation, tout comme les flux de marchandises et de personnes. Les oiseaux d’élevage vivent « dans des conditions stressantes. Présents dans des populations élevées en forte densité, comme dans les unités d’élevages industriels, souvent eux-mêmes concentrés géographiquement dans des bassins de production, les virus ont la capacité de se multiplier et donc d’évoluer plus rapidement vers des formes hautement pathogènes ».

La grippe aviaire est-elle dangereuse pour l’homme ?

Chez l’homme, les symptômes de la grippe aviaire sont assez similaires à ceux de la grippe humaine, et peuvent entraîner une fièvre, une toux, des douleurs musculaires, un mal de gorge, des infections oculaires et des infections respiratoires graves, y compris une pneumonie.

Mais certaines souches peuvent tuer. C’est le cas de la souche H7N9, qui, depuis 2013, a infecté 1 568 personnes et fait 616 morts, selon l’OMS. La souche H5N1, elle, a tué plusieurs centaines de personnes depuis 2003. La grande majorité des cas chez l’homme ont été constatés en Asie.

Une question se pose : cela est-il possible en France ? « A ce jour, aucun cas de grippe humaine dû à un virus influenza aviaire n’a été déclaré en France », indique sur son site Santé Publique France.

L’Agence nationale de santé publique rappelle néanmoins que « plus d’une dizaine de virus influenza de type A aviaires ou porcins sont capables d’infecter l’homme à l’heure actuelle. Les cas humains sont principalement des cas primaires, suite à une exposition à des oiseaux infectés ou à un environnement contaminé, notamment dans le cadre de marchés aux volailles vivantes ».

Comment soigner et prévenir la grippe aviaire ?

Outre la prise d’anti-inflammatoires et d’antalgiques, la grippe aviaire peut dans la plupart des cas se soigner avec des antiviraux.

Des vaccins pour oiseaux sont également en cours de test, pour essayer d’endiguer l’épidémie en France, avec plus de 100 foyers détectés. Le niveau de risque a ainsi été relevé de « modéré » à « élevé » le 11 novembre dernier sur l’ensemble du territoire métropolitain.

En attendant, les stratégies mises en place constituent à confiner toutes les volailles, interdire les rassemblements de volailles, et à pratiquer des abattages massifs en cas de contaminations.

Enfin, en cas de découverte d’un oiseau sauvage mort, ne vous en approchez pas.

geo

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