Incendies « sans précédent » au Canada : l’Ouest appelle le gouvernement fédéral à l’aide

Des milliers d’évacués, des villages réduits en cendres, des installations pétrolières à l’arrêt : près d’une centaine de feux de forêt étaient toujours actifs lundi dans la province canadienne de l’Alberta, qui a demandé l’aide du gouvernement fédéral.

Deux jours après avoir déclaré l’état d’urgence, la province de l’Alberta, au Canada, a demandé lundi 8 mai l’aide du gouvernement fédéral pour lutter contre des incendies « sans précédent ».

Lundi soir, près d’une centaine de feux de forêts ou de broussailles étaient toujours actifs dans la province, dont 25 considérés comme étant « hors de contrôle » par les autorités.

« L’Alberta a demandé l’aide du gouvernement fédéral pour faire face aux incendies dévastateurs. Le Premier ministre Trudeau m’a assuré que le Canada serait là pour nous soutenir par tous les moyens possibles », a déclaré la Première ministre de la province Danielle Smith, qui avait évoqué samedi des incendies « sans précédent ».

« Les Canadiens sont aux côtés des habitants de l’Alberta qui font face à ces terribles incendies de forêt », a déclaré Justin Trudeau.

Les pompiers se concentrent sur ceux qui menacent les habitations, notamment autour de la principale ville d’Edmonton. Selon les autorités, près de 300 patients et résidents de centres de soins de longue durée ont dû être évacués, et plus de 50 écoles étaient fermées.

Plusieurs compagnies pétrolières – Vermilion Energy et Crescent Point Energy notamment – ont indiqué lundi avoir dû interrompre leur production par endroits en raison des feux.

Au total, près de 400 000 hectares ont brûlé en moins d’une semaine malgré le déploiement de plusieurs centaines de pompiers. La Première ministre de la province a prévenu lundi soir que les feux « pourraient se poursuivre pendant plusieurs mois ».

Ville interdite d’accès
Parmi les 30 000 évacués de la province, certains ont trouvé refuge dans des centres pour les évacués quand d’autres ont fui avec leur camping-car ou caravane et se sont regroupés sur des terrains vagues. D’autres sont hébergés chez des amis ou de la famille, comme Jerry Greiner, un habitant de Drayton Valley, à 150 km à l’ouest d’Edmonton.

« Vendredi, nous pouvions voir la fumée et il y avait un vent assez fort », raconte-t-il à l’AFP, les larmes aux yeux. « Dans la soirée, nous avons reçu la première alerte vers 22 h puis l’avis final d’évacuation vers 23 h. Nous avons rapidement pris nos sacs pour nous rendre chez nos amis », ajoute l’homme de 55 ans aux cheveux gris, évacué pour la première fois.

Autour de cette localité de 7 000 habitants entièrement évacuée, la forêt et les champs sont noircis par les flammes même si la plupart des habitations ont été préservées. La ville, prise dans la fumée, est toujours interdite d’accès, le feu étant maitrisé mais pas complètement éteint.

Installée dans un centre pour évacués, Kathy Bereuwski, 61 ans, est sous le choc. « Les derniers jours ont été très difficiles, très stressants », confie-t-elle à l’AFP. « Le ciel était noir, noir de chez noir. On ne voyait rien. Et un nuage de cendres nous tombait dessus », ajoute cette femme, cheveux longs et blancs attachés.

À Fox Lake, dans le nord de l’Alberta, un violent incendie a ravagé 20 maisons, un magasin et un poste de police. Les habitants ont été évacués par bateau et hélicoptère.

Des centaines de pompiers
La province canadienne de l’Alberta, l’une des plus grandes productrices de pétrole au monde, « a connu un printemps chaud et sec et avec autant de petit-bois, il suffit de quelques étincelles pour déclencher des incendies vraiment effrayants », a expliqué ce week-end la Première ministre de la province, Danielle Smith.

L’Alberta, tout comme dans ses deux voisines, la Colombie-Britannique et la Saskatchewan, connaît actuellement des conditions « anormalement sèches » voire une « sécheresse grave » par endroit, selon les derniers relevés du gouvernement canadien.

Depuis quelques années, l’Ouest du Canada est frappé à répétition par des événements météorologiques extrêmes, dont l’intensité et la fréquence sont accrues par le réchauffement climatique. En 2021, un dôme de chaleur « historique » avait fait des centaines de morts et avait été suivi par d’importants incendies.

Les autorités espèrent que l’arrivée de températures plus fraîches et d’un peu de pluie depuis dimanche, au moins dans le sud de la province, va permettre de contenir la situation.

« Au total il y a entre 600 et 700 pompiers de l’Alberta sur le terrain actuellement, et plusieurs centaines de pompiers venus des autres provinces pour nous aider », a détaillé une porte-parole des secours dans la région.

Deux incendies de forêt sont également hors de contrôle en Colombie-Britannique et les autorités ont prévenu que des vents violents étaient attendus dans les prochains jours.

Fort McMurray (Alberta), le plus grand complexe industriel de sables bitumineux du monde, avait été marqué en mai 2016 par un gigantesque incendie, la plus coûteuse catastrophe de l’histoire du Canada.

AFP

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