Née en 1979 à Khartoum de parents originaires de l’actuel Soudan du Sud, Stella Gaitano est une voix qui compte : les conséquences de la guerre et de l’exil constituent le thème central de ses écrits depuis 20 ans.
« Devoir fuir est vraiment une expérience très, très dure. Tu sais que pour sauver ta vie, il faut t’en aller et te rendre dans un endroit où tu seras en sécurité. Le problème, c’est que tes ennuis ne sont pas terminés juste parce que tu fuis : pour vivre, il te faut plus, il te faut ensuite de l’eau, de la nourriture et des médicaments ».
Stella Gaitano a elle-même était contrainte de fuir Djouba, la capitale du Soudan du Sud en 2015 après plusieurs années de harcèlement et de menaces, y compris physiques, en raison de ses critiques sur la mauvaise gestion et la corruption du gouvernement. Aujourd’hui, elle habite dans l’ouest de l’Allemagne et elle bénéficie d’une bourse du programme « écrivains en exil » de l’association d’écrivains Pen.
Abdelaziz Baraka Sakin partage lui sa vie entre l’Autriche et la France. Il a fui le Soudan en 2012 déjà, quand la dictature d’Omar el-Béchir a interdit ses livres. Ces derniers, très appréciés des Soudanais, ont pourtant continué à circuler dans la clandestinité. Ils ont pour thème la guerre civile, le génocide au Darfour ou encore la dictature militaire. Son avis sur le conflit qui se joue actuellement est clair :
« Ce n’est pas notre guerre, ce n’est pas la guerre du peuple soudanais, ce n’est pas pour le bien du peuple soudanais. Non ! c’est juste une lutte entre des généraux soudanais, pour la richesse et le pouvoir. »
Et il ajoute : « J’espère me tromper mais je ne pense pas que cette guerre va trouver une fin rapide. Je crains aussi que des puissances étrangères s’en mêlent : les Russes, les Américains, certains pays européens et certains pays arabes. C’est là que cela risque de devenir très compliqué. Aucune des parties soudanaises en conflit n’est assez forte pour mener la guerre seule. S’ils ne reçoivent pas de soutien extérieur, la guerre s’arrêtera d’elle-même en très peu de temps. »
Alors que les initiatives diplomatiques se multiplient actuellement pour faire cesser les combats, l’armée soudanaise a, elle, plaidé pour « des solutions africaines aux problèmes du continent ».
De son côté, Abdelaziz Baraka Sakin estime que les mots, l’art et l’espoir sont désormais les seules choses qui restent à ses compatriotes.
DW