Une situation déjà critique, alors que le mois de mai est à peine entamé. En raison d’une forte sécheresse, de nouvelles restrictions sont mises en œuvre à partir de mercredi dans les Pyrénées-Orientales, où la quasi-totalité du département a été placée en situation de « crise », le plus haut niveau d’alerte, par arrêté préfectoral.
Si 2022 a déjà été pour le département l’année la plus sèche depuis le début des relevés, qui remonte à 1925, la tendance ne s’est pas inversée sur les premiers mois de 2023. Les mois hivernaux ont été très secs, un manque de pluie qui a empêché les nappes phréatiques locales de se recharger pour la période estivale.
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— Préfet des Pyrénées-Orientales (@Prefet66) May 9, 2023
Lors d’un entretien auprès de France Bleu Roussillon, Nicolas Garcia vice-président du Conseil départemental et président du Syndicat des nappes du Roussillon, évoque une situation « très critique », en particulier en ce qui concerne la situation des nappes souterraines, pliocènes et quaternaires.
« Il faudrait qu’il pleuve 300 mm, soit dix à vingt fois plus qu’aujourd’hui », dit-il. Mardi à Perpignan, alors que la France a été touchée par de fortes précipitations, il n’est tombé qu’un petit millimètre d’eau.
« On observe actuellement des niveaux qu’on est censés observer en juillet ou en août. Les trois fleuves côtiers ont des débits qui correspondent à des débits de crise d’une période estivale », reprend sur BFMTV Hichem Tachrift, hydrogéologue au Syndicat mixte des nappes de la Plaine du Roussillon.
Pour l’heure, les restrictions, ordonnées pour l’instant jusqu’au 13 juin, concernent les bassins versants de l’Agly et de la Têt, les deux principaux fleuves du Roussillon, où se concentre l’activité agricole, ainsi que les nappes des Aspres, une zone montagneuse, et la côte méditerranéenne, où se situent les stations balnéaires d’Argelès-sur-mer, Collioure ou Canet-en-Roussillon.
« Juste partage de l’effort »
Dans son communiqué, le préfet met l’accent sur un « juste partage de l’effort entre tous les usages: agriculture, autres activités économiques, vie quotidienne, débits dans les rivières » et « un effort collectif ».
L’arrosage des potagers, espaces verts, le remplissage des piscines privées, en utilisant l’eau du réseau, sont proscrits. Sur les terrains de golf, un arrosage n’est permis de 20h à 2h, seulement si l’eau est issue d’un système de réutilisation. Le lavage des voitures n’est admis que dans les stations dont 70% de l’eau est recyclée.
Pour Bruno Vila, président de la Fédération départementale des exploitants agricoles, « c’est moins pire que de n’avoir pas d’eau du tout mais arroser avec moins 50%, cela va avoir des conséquences: les craintes que l’on avait seront démultipliées et là on est qu’en début de saison ».