Canada: pourquoi l’Alberta brûle «dix fois plus» qu’une année habituelle?

Le Canada fait face à des incendies particulièrement précoces cette année à cause d’un hiver trop sec et de températures anormalement hautes en raison du changement climatique.

Des dizaines de milliers de personnes évacuées et des installations pétrolières à l’arrêt… La région de l’Alberta, première province productrice de brut au Canada, est en alerte en raison d’importants feux de forêts. Près de 400 000 hectares ont brûlé, « c’est 10 fois plus qu’une année habituelle et nous n’en sommes qu’au début », a alerté la Première ministre de l’Alberta, Danielle Smith.

Pour cause ? Le pays fait face à une accumulation de phénomènes qui favorisent les départs de feux violents. Premièrement, après l’hiver sec, la végétation est très sèche. « L’ouest, notamment dans les prairies, ce sont des endroits au Canada où on a de toute façon les plus faibles quantités de précipitations de tout le pays. Et lorsque ce déficit de précipitations s’accentue, les températures deviennent plus chaudes », explique Philippe Gachon, hydroclimatologue à l’Université de Québec à Montréal (UQUAM). Et début mai, un phénomène météo s’est installé sur la région et a apporté des conditions très sèches.

Cela a entrainé des fortes chaleurs. Plusieurs records de températures ont été battus dans la région. À Edmonton, la capitale provinciale, le mercure a atteint 28,9 °C le 1er mai, un record absolu depuis les 26,7 °C de 1931. Et il a fait 32,2 °C jeudi à Fort McMurray, dans le nord. « Et surtout, quand on a les canicules très tôt en cette saison, ça accélère les probabilités d’avoir des feux précoces et des feux qui peuvent prendre de grandes envergures », détaille M. Gachon.

Cercle vicieux

La situation est donc alarmante, mais pas inédite. « On avait déjà vu ça, notamment en 2016 pour les feux de Fort McMurray qui s’étaient aussi produits très tôt, au mois de mai », rappelle l’hydroclimatologue. À l’époque, l’envergure de ce feu avait provoqué « le désastre naturel le plus coûteux de l’histoire du pays ». Preuve de la puissance de cet incendie, il avait fallu un an aux autorités pour en venir à bout et le déclarer éteint.

Selon les experts, le Canada est particulièrement victime du réchauffement climatique. « On a un réchauffement qui, à peu près au cours des 70 dernières années, est deux fois plus important que la moyenne sur l’ensemble de l’hémisphère Nord », regrette l’expert. Et tout cela, « contribue » aux feux de forêt toujours plus précoces, fréquents et violents. Un phénomène qui devrait s’amplifier, car, en plus, tout cela entraîne des émissions massives de gaz à effet de serre, qui aggravent encore le changement climatique par un mécanisme de cercle vicieux appelé « boucle de rétroaction incendie-climat ».

AFP

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