La 23ème édition du Festival international du cinéma africain de Khouribga (Ficak) au Maroc s’est ouverte, samedi soir, avec un hommage «émouvant» rendu au cinéaste burkinabè, Drissa Touré, en reconnaissance à la contribution au cinéma africain de celui qui est passé de la gloire sur les marches de la croisette au Festival de Cannes en France en 1991 avec son film «Laada» à la déchéance, en devenant vendeur de bois.
Devant une salle de cinéma remplie et prise d’assaut par des cinéphiles venus de divers horizons, Drissa Touré, un réalisateur autodidacte comptabilisant plus d’une trentaine d’années de pratique cinématographique, a estimé que cet honneur est «une renaissance et une résurrection».
«C’est une renaissance, une résurrection. Il y a eu beaucoup d’émotion, parce que je me suis rappelé de 1991 lorsque je faisais le film Laada, paix à l’âme de Nour-Eddine Saïl (décédé en 2020, il était l’un des fondateurs et ambassadeurs du Ficak), on était à Paris et il m’a amené ici et son cheval de bataille était de faire vivre le cinéma africain», a réagi le réalisateur Burkinabè après avoir reçu le trophée d’honneur du Festival international du cinéma africain de Khouribga (6 au 13 mai).
Pour Drissa Touré, débordant d’émotion, cet hommage est une coïncidence de l’histoire, car, se remémore-t-il, «c’est ici qu’on me rend hommage, plus de vingt ans après quand j’étais dans la léthargie, c’est cela qui est émouvant, intéressant quand on a la passion du cinéma».
Le film d’ouverture de Ficak intitulé Le taxi, le cinéma et moi que lui consacre son compatriote Salam Zampaligré, retrace le parcours d’un cinéaste de 71 ans qui est passé de la gloire sur les marches de la croisette au festival de Cannes en France en 1991 avec son film Laada à la déchéance avec comme métier vendeur de bois à Gaoua, un village du Burkina Faso.
Ce documentaire de création dresse ainsi le portrait et le parcours cinématographique de Drissa Touré, ancien chauffeur de Taxi qui a eu comme passager un jour, le célèbre cinéaste sénégalais, Ousmane Sembène (1923-2007). Ce dernier lui raconte qu’il a été docker à Marseille (France) avant d’entrer dans le cinéma.
Drissa Touré suit les pas de Sembène, celui que l’on appelle affectueusement «l’aîné des anciens» dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance. Il est devenu le taximan passé au cinéma et réalise neuf films entre 1981 avec le court métrage Le sort et 2002 avec Pays de mon rêve.
Cette édition du Ficak, placé sous le haut patronage de sa Majesté le Roi Mohamed VI, a aussi rendu un vibrant hommage à l’acteur marocain de 59 ans, Bachir Ouakine, un habitant de Khouribga. En dehors des hommages, les quatre jurys (long métrage, court métrage, prix de la critique et le prix Don Quichotte) ont été présentés au public, aux autorités administratives et autres personnalités du cinéma et des arts venus assister à l’ouverture officielle.
Le jury long métrage est présidé par Stanislas Bemile Méda (Burkina Faso) et le court métrage par l’actrice marocaine Salima Benmoumen. Ils décerneront des prix avec des noms de cinéastes très connus tels que Sembène Ousmane, Idrissa Ouédraogo, Nour-Eddine Saïl, Paulin Soumanou Vieyra, Nejip Ayed, entre autres figures emblématiques du 7e art africain.
Le président de la fondation du Festival international du cinéma africain de Khouribga, El Habib El Malki, a pour sa part salué tous ceux qui ont œuvré pour la reconnaissance du festival au plan international depuis sa création en 1977, le troisième par sa longévité après les Journées cinématographiques de Carthage (Jcc 1966) et le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco 1969).
Il a fait remarquer que cette année, les douze longs métrages et quinze courts métrages présentent une «variété de genres et une diversité linguistique».
Aps