L’Arabie saoudite et la Syrie annoncent rouvrir leurs missions diplomatiques respectives

L’Arabie saoudite a annoncé mardi le retour de sa représentation diplomatique en Syrie, qui n’a pas tardé à annoncer le retour de la sienne à Riyad. Une première depuis 2012, le régime de Damas ayant été isolé en raison de la guerre civile qui a ravagé le pays et fait environ un demi-million de morts.

L’Arabie saoudite et la Syrie ont annoncé mardi 9 mai le retour de leurs représentations diplomatiques l’une chez l’autre, après onze ans de rupture de Riyad avec le régime de Damas, isolé en raison de la guerre civile qui a ravagé le pays.

La riche monarchie pétrolière du Golfe s’est récemment rapprochée de la Syrie ainsi que de l’Iran, grand soutien du président Bachar al-Assad.

« L’Arabie saoudite a décidé de reprendre les travaux de sa mission diplomatique en Syrie », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié par l’agence de presse officielle SPA. Riyad cherche à « développer l’action arabe commune », a-t-il affirmé.

Peu après, Damas émettait une annonce parallèle : « La République arabe syrienne a décidé la reprise des activités de sa mission diplomatique en Arabie saoudite », a déclaré l’agence d’État syrienne SANA, citant une source du ministère des Affaires étrangères.

La décision de l’Arabie saoudite, cheffe de file des pays du Golfe et poids lourd régional, intervient deux jours après la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe, annoncée dimanche au Caire.

Damas avait été exclu de l’organisation panarabe en 2011 en raison de la répression dans le sang d’un soulèvement populaire, déclenché dans le sillage des Printemps arabes et qui a dégénéré en guerre civile.

Impliquant des acteurs régionaux et internationaux, la guerre a fait environ un demi-million de morts. Près de la moitié des Syriens sont désormais des réfugiés ou des déplacés à l’intérieur de leur pays, et des pans du territoire échappent encore au contrôle du gouvernement.

Réunis au Caire, les chefs de la diplomatie arabes ont voté à l’unanimité dimanche pour que la délégation syrienne « siège de nouveau à la Ligue arabe ». Le président Assad lui-même est désormais « le bienvenu s’il le veut » le 19 mai à Jeddah, en Arabie saoudite, pour le sommet annuel des chefs d’État de l’organisation, avait précisé son secrétaire général, Ahmed Aboul Gheit.

De son côté, Damas avait indiqué vouloir « renforcer la coopération » alors que le régime mise sur une normalisation en particulier avec les riches monarchies du Golfe, pour financer la coûteuse reconstruction d’un pays morcelé et aux infrastructures dévastées.

Réchauffement régional
Bachar al-Assad est récemment sorti de son statut de persona non grata, profitant notamment d’un élan de solidarité mondial en février après un séisme qui a dévasté de vastes régions de la Syrie et de la Turquie. Le président syrien a aussi tiré son épingle du jeu régional à la faveur du rapprochement inattendu entre deux grands rivaux, Riyad et Téhéran, son fidèle soutien. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, a même effectué mi-avril une visite inédite à Damas où il a été reçu par Bachar al-Assad.

Dans ce contexte de réchauffement régional, la Turquie commence elle aussi à renouer avec le régime syrien. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays doivent se rencontrer mercredi en Russie, autre puissance très proche de Bachar al-Assad.

Mais à Doha, l’opposition syrienne fulmine. « Les crimes ne peuvent être récompensés par un retour à la table des pays arabes », a déploré mardi dans un communiqué Bilal Turkia, représentant de l’opposition syrienne au Qatar. Selon lui, le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe donne « un feu vert à plus de brutalité de la part de ce régime dont le comportement ne changera pas ».

Opposé à la normalisation avec Bachar al-Assad, à l’instar des États-Unis et des puissances européennes, le Qatar abrite la seule ambassade syrienne gérée par l’opposition.

Pour Washington, la Syrie « ne mérite pas d’être réadmise au sein de la Ligue arabe ». « Notre position est claire : nous n’avons pas l’intention de normaliser les relations avec M. Assad et son régime », a déclaré le secrétaire d’État Antony Blinken à la presse à Washington.

Même son de cloche pour Londres. Le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, s’exprimant aux côtés d’Antony Blinken, s’est dit « très mal à l’aise » face à la décision de la Ligue arabe : « la brutalité contre le peuple syrien ne peut pas être ignorée. Et le Royaume-Uni ne va certainement pas passer ça sous le tapis ».

Outre l’Arabie saoudite, nombreux autres pays arabes ont fait des pas en direction de Damas, en particulier les Émirats arabes unis mais aussi l’Égypte, Oman ou encore la Tunisie.

AFP

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