Après avoir stagné pendant des années, la recherche d’un traitement contre la maladie d’Alzheimer vient de faire un bond colossal.
À l’issue d’un essai clinique conduit par le laboratoire américain Lilly, le donanemab, médicament expérimental, a ralenti de 40 % le déclin cognitif des participants, donnant l’espoir de pouvoir traiter et stabiliser cette maladie neurodégénérative chez les personnes qui en sont atteintes.
Un traitement d’Eli Lilly a démontré lors d’un essai clinique de grande ampleur ralentir le déclin cognitif lié à la maladie d’Alzheimer, a annoncé mercredi ce groupe pharmaceutique américain. Ces résultats ont été accueillis avec enthousiasme par les experts, qui ont salué l’entrée dans une « nouvelle ère » dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer, grâce à plusieurs percées récentes.
L’essai clinique, qui comptait 1 200 participants n’ayant pas encore atteint un stade avancé de la maladie, a montré une réduction de 35 % du déclin cognitif des patients traités avec le donanemab, selon un communiqué de l’entreprise.
Eli Lilly prévoit de déposer une demande d’autorisation auprès de l’agence américaine des médicaments (FDA) dès ce trimestre, et dans le monde « aussi vite que possible ». Le traitement peut toutefois entraîner des effets secondaires graves, comme des œdèmes ou des hémorragies cérébrales. Trois participants à l’essai clinique sont décédés.
LES PARTICIPANTS, PRÉSENTANT UN STADE PRÉCOCE DE LA MALADIE D’ALZHEIMER, ONT ÉTÉ ÉVALUÉS SUR LEUR CAPACITÉ À ACCOMPLIR DES TÂCHES QUOTIDIENNES COMME CONDUIRE.
Une nouvelle ère pour le traitement de la maladie d’Alzheimer
L’essai clinique a également mesuré la capacité à accomplir des tâches du quotidien, comme conduire, converser, avoir des loisirs ou gérer ses finances. Sur 18 mois, les participants ayant reçu le traitement présentaient une réduction de 40 % du déclin dans leur capacité à réaliser ces tâches.
« Ces résultats confirment que nous entrons dans l’ère du traitement d’Alzheimer », s’est réjouie Catherine Mummery, du National Hospital for Neurology and Neurosurgery, à Londres.
Il sera désormais possible « d’espérer de manière réaliste pouvoir traiter et stabiliser une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, avec une gestion de long terme, plutôt que des soins palliatifs et de soutien », a-t-elle ajouté.
La recherche dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer a stagné durant des décennies. Mais deux nouveaux traitements, développés par les entreprises pharmaceutiques japonaise Eisai et l’Américaine Biogen, ont récemment été approuvés aux États-Unis : le Leqembi (dont le principe actif est nommé lecanemab), et l’Aduhelm (molécule aducanumab).
Si l’autorisation de l’Aduhelm a été controversée, certains experts pointant le manque de preuves sur son efficacité, le lecanemab avait été le premier à démontrer une réduction du déclin cognitif (de 27 %) dans le cadre d’un essai clinique.
Le traitement d’Eli Lilly, s’il est approuvé aux côtés du lecanemab, pourrait « offrir un choix de traitements aux patients », s’est félicitée Liz Coulthard, de l’Université de Bristol. La maladie d’Alzheimer touche des dizaines de millions de personnes dans le monde.
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