Accalmie entre Gaza et Israël, les populations traumatisées par la flambée de violences

L’espoir d’un cessez-le-feu au Proche-Orient est toujours présent grâce à l’accalmie qui règne depuis quelques heures. Mais les tirs de ces derniers jours, entre Israël et la bande de Gaza, ont fait 30 morts : 29 côté palestinien, dont plusieurs enfants, et une première victime a été enregistrée jeudi soir 11 mai côté israélien.

C’est peu avant minuit qu’ont eu lieu les derniers bombardements israéliens, relate notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. Dans la foulée, l’armée de l’État hébreu a publié les photos de six membres du Jihad islamique éliminés ces derniers jours. Et depuis ce vendredi matin, elle diffuse des chiffres, des statistiques : plus de 200 cibles détruites, plus de 800 roquettes tirées depuis Gaza dont 600 ont atteint le territoire israélien, interceptées en grande partie.

Que faut-il comprendre ? Mission accomplie ? On fait le bilan, on s’arrête là ? Difficile à dire en l’absence d’une annonce officielle d’un arrêt des combats.

Le Jihad islamique, le groupe armé palestinien, a-t-il pour sa part atteint la limite de ses capacités militaires ? A-t-il jeté toutes ses forces dans la bataille ? Il a en tout cas déclenché un véritable déluge de feu, jeudi soir, contre les villes israéliennes où la population a dû se réfugier dans les abris. Tali Lavy a emménagé dans la région de Sdérot il y a huit mois. Elle se dit en colère contre les groupes armés palestiniens qui ciblent sa ville, mais aussi contre les autorités israéliennes, qui d’après elle ne font pas assez pour garantir sa sécurité.

Cette Israélienne témoignait jeudi soir par message, la voix tremblante : « Ils ont tiré une roquette, et elle a atteint la ville en une fraction de seconde. Le dôme de fer l’a interceptée, juste au-dessus de nos têtes. » Le dôme de fer est ce dispositif anti-missiles israélien, déployé sur presque tout le territoire. Quelques minutes après cette interception, Tali Lavy retrouve ses esprits. Elle envoie un second message : « J’ai crié tout à l’heure, n’est-ce pas ? Je ne m’en rappelle plus. Mais vraiment, c’était terrifiant. Je n’ai jamais vécu ça. J’étais là, en pleine rue, et il y a eu cette attaque ».

Un enfant mort de peur
À Gaza, les civils, eux, sont démunis. Durant les trois derniers jours, ils ont subi de plein fouet les frappes israéliennes. « Nous n’avons nulle part où nous abriter », confiait jeudi soir une habitante de Gaza. En plus de toutes les victimes tuées dans ces raids aériens israéliens, un jeune garçon palestinien âgé de cinq ans est littéralement mort de peur, une attaque de panique à la suite de ces bombardements intenses. Des déflagrations terrifiantes, qui en plus de détruire infrastructures et habitations, traumatisent la population de l’enclave palestinienne.

« Vous avez une situation insupportable où vivent 2 millions de personnes, privées des notions les plus basiques de sécurité ou de stabilité, privées de cette idée même de prévoir leur vie à un ou deux jours, à une ou deux années, et qui vivent sans être même capables de faire comprendre et assurer à leurs enfants que dans leurs bras, pendant la nuit, ils seront en sécurité, explique Nour Odeh, analyste palestinienne à Ramallah au micro d’Alice Froussard. C’est une réalité de constante punition que les Gazaouis doivent endurer depuis des années et des années.

Et alors que certains Palestiniens de Gaza n’ont plus la force de vivre sur place, nous voyons que des milliers de jeunes quittent l’enclave côtière, tout comme des docteurs, des spécialistes, d’autres professions partent aussi de Gaza. Ils laissent derrière eux un territoire encore plus misérable. »

rfi

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