Guinée Biseau : l’archipel des Bijagos où les femmes dominent la société [Découverte]

Au large de l’Afrique de l’Ouest, dans l’archipel des Bijagos en Guinée-Bissau, se trouverait une société dominée par les femmes. Les femmes de l’archipel occupent une place dominante dans les sphères spirituelle, économique et familiale.

Partout, on peut lire que les femmes bijagos possèdent la terre, contrôlent l’agriculture et décident de la construction des maisons… bref, qu’elles ont la responsabilité d’à peu près tout ce qui se passe dans ces îles africaines. Rien ne semble avoir changé depuis 1594, lorsque l’explorateur André Álvares de Almada rapportait que « les hommes ne font que trois choses : la guerre, construire les embarcations et récolter le vin de palme », tandis que « les femmes construisent les maisons, font les moissons, pêchent et ramassent les coquillages, elles font tout le travail qu’ailleurs font les hommes ».

Un mode de vie conservé par l’isolement insulaire

Le mode de vie dans les archipels, et particulièrement sur l’île de Canhabaque (3500 habitants), la plus traditionnelle des îles, est resté pratiquement intact et n’a pas ou peu subi l’influence de la civilisation moderne… La maison est la propriété de la femme et l’homme emménage chez sa femme, dit matrilocale. Fondé sur un principe matrilinéaire, le système bijago attribue aux femmes un rôle incontournable dans le monde religieux, leur conférant le pouvoir de contrôler largement la vie sociale. Ils représentent dans le pays l’exemple type de la société traditionnelle, dont les îles permettent l’isolement du continent et du « développement ».

                                                                               Une reine aux Iles Bijagos

La femme est le chef de la famille, et a le droit de choisir et de divorcer de son mari à volonté. Le mari n’a aucun droit sur les enfants et ceux-ci portent le nom de famille de leur mère. La brousse et la mer (chasse, pêche) sont principalement le domaine des hommes ; alors que toute la zone du village, l’éducation des enfants et les questions spirituelles, sont sous la principale responsabilité des femmes.

Quand les femmes choisissent leurs partenaires !

Cette domination féminine s’exerce aussi sur les rapports amoureux. La femme décide de son époux. Ce qui n’est pas fréquent dans les familles rurales africaines. Une fois mariée, elle peut s’en défaire aisément si elle n’est plus heureuse. « Ici, quand une femme veut un homme, elle ramasse des coquillages sur la plage. Elle prépare un bon plat et le pose devant sa case. S’il le mange, cela veut dire qu’il accepte de l’épouser », explique une jeune fille qui n’est pas encore mariée.

                                                                                       rituels chez Les Bijagos

Une de ses aînées lâche en riant : « Beaucoup d’hommes aimeraient les épouser, mais ils n’ont pas le droit de formuler la demande. Ici, cela ne se fait pas. Ce serait considéré comme choquant, c’est aux femmes de choisir… Une fois qu’elles ont été initiées par les prêtresses dans les îles sacrées. »

                                                                                           Festival des Bijagos

Avant d’être initiées et de jeter leur dévolu sur un époux, elles choisissent des amants à leur guise. « Ici, il n’y a pas de tabou autour de la sexualité. Nous pouvons avoir des relations avec qui bon nous semble, même si nous ne sommes pas encore mariées ou initiées. Les femmes font ce qu’elles veulent. C’est notre dieu Nindo qui en a décidé ainsi », explique une autre.

Sous l’autorité des prêtresses Okinka

                                                                                 des religieuses Bijagos

L’île est gouvernée par une reine. Il existe aussi un roi, mais son rôle y est limité, il est un simple porte- parole. Ils ne sont pas mariés entre eux. Chaque village est dirigé par un conseil de femmes élu pour un mandat à vie. Les réunions sont interdites aux hommes. Les femmes prennent toutes les décisions importantes au village.

Que ce soit pour les rituels, les traditions comme en particulier les décisions concernant la retraite des femmes et des hommes (voir ci- contre). On pourrait dire qu’elles ont un pouvoir exécutif, administratif et judiciaire. Elles décident des affaires importantes du tabanca (village).

pulse

You may like