Mardi et mercredi, la Première ministre, qui a livré une interview fleuve au JDD publiée ce dimanche, reçoit séparément cinq organisations syndicales, dont la CFDT et la CGT. Pas question de revenir sur l’âge légal de départ à la retraite, mais d’autres volets méritent selon elle du « dialogue social ».
À deux jours de recevoir séparément les syndicats à Matignon, la Première ministre Élisabeth Borne veut le croire : « Même après ces mois agités, je reste convaincue qu’il faut donner plus de place à la négociation et au dialogue social », affirme-t-elle dans un entretien paru ce dimanche dans le JDD. « C’est pour cela que je n’ai pas souhaité adresser un ordre du jour détaillé pour ces rencontres : je suis à l’écoute des priorités que les organisations syndicales et patronales souhaitent mettre dans la discussion ».
Un peu plus loin, elle évoque « l’importance des enjeux », et de citer « la prévention de l’usure professionnelle, l’emploi des seniors, la reconversion, le compte épargne temps universel… », des sujets où le gouvernement a laissé la porte ouverte, pour mieux la refermer sur l’allongement de la durée du travail.
« Avancer, c’est la seule chose qui m’importe »
Fidèle à sa ligne, la Première ministre dit « regretter » les propos qui « ont pu laisser penser que cette réforme n’était pas nécessaire ». De même elle se dit « frappée » de rencontrer des salariés « qui ont commencé à travailler tôt ou exercent des métiers pénibles (et) pensent encore qu’ils auront à travailler jusqu’à 64 ans : ce n’est pas le cas », rappelle-t-elle.
C’est pourquoi elle se montre très sévère, dans l’entretien, avec la proposition de loi d’abrogation du report de l’âge de la retraite à 64 ans, qui sera examinée à l’Assemblée nationale le 8 juin, à l’initiative des députés Liot (Libertés, indépendants, Outre-mer, territoires), que les syndicats, eux, espèrent voir aboutir : « C’est irresponsable de faire croire que cette proposition de loi pourrait prospérer ! On est en train de dire aux Français que non seulement on ne se préoccupe pas de ramener le système des retraites à l’équilibre, mais, pire, qu’on est en train d’aggraver son déséquilibre ! », s’insurge-t-elle. « C’est grave de mentir aux Français », ajoute-t-elle.
La date est d’autant plus symbolique que mardi, cela fera un an pile qu’Élisabeth Borne a été nommée cheffe du gouvernement. Et plus de sept mois que son action semble ne tourner qu’autour de la réforme controversée du système de retraites. Alors que, défend-elle, 27 textes ont été signés par l’Assemblée nationale où le camp présidentiel est éprouvé chaque jour.
Ces trois jours de voyage à La Réunion, à l’issue desquels l’entretien a été réalisé, « c’est l’occasion de se projeter dans la suite et dans les réponses que l’on peut apporter aux Français », confie-t-elle. On la dit fragilisée, menacée, comme tous ses prédécesseurs à un moment de leur action politique. Mais l’ancienne ministre du Travail ne veut pas quitter Matignon. « Depuis un an, je m’emploie à apporter des réponses concrètes pour répondre aux défis considérables du pays auxquels notre pays fait face. Je veux continuer à relever ces défis, et j’y mettrai toute mon énergie et ma détermination », dit-elle dans cette interview.
« Je n’ai pas de doute sur le fait que certains se verraient bien à ma place » mais « avancer, c’est la seule chose qui m’importe », ajoute-t-elle.
leparisien