Selon la Banque mondiale, le programme américain AGOA présente un risque important pour les pays en développement (rapport)

La Banque mondiale souligne que l’impact de l’exclusion des pays d’Afrique subsaharienne du programme de préférences commerciales AGOA sur leurs exportations vers les États-Unis varie en fonction de la durée de la suspension, du taux d’utilisation et des produits concernés.

La suspension des pays d’Afrique subsaharienne du régime des préférences commerciales AGOA (African Growth and Opportunity Act) entraîne en moyenne une baisse de 39% de leurs exportations vers les États-Unis, selon un rapport publié fin avril dernier par la Banque mondiale.

Intitulé « Uncertainty in preferential trade agreements : Impact of AGOA suspensions on exports », le rapport se base sur une analyse de l’impact de la suspension de 14 pays africains (dont le Cameroun, Madagascar, le Burundi, la Côte d’Ivoire, le Mali et la RD Congo), du programme AGOA entre 2001 et 2021.

Lancé en mai 2000, le programme AGOA permet aux pays d’Afrique subsaharienne éligibles d’exporter environ 1800 produits vers les États-Unis en franchise de droits de douane. Ces produits s’ajoutent à quelque 5000 autres produits pouvant bénéficier d’un accès au marché américain en franchise de droits de douane dans le cadre du système généralisé de préférences commerciales (Generalized System of Preferences/GSP), un autre dispositif lancé en 1974 qui permet l’importation par les Etats-Unis de marchandises originaires de plus de 100 pays en développement à des taux tarifaires réduits ou nuls.

Dans le cadre de ces deux systèmes, le traitement préférentiel des marchandises n’est pas réciproque.
Chaque année, Washington actualise la liste des pays d’Afrique subsaharienne éligibles à l’AGOA en fonction notamment de leur attachement à l’économie de marché, au respect de l’Etat de droit et aux politiques de lutte contre la pauvreté. Le dispositif prend aussi en considération, les avancées ou les reculs démocratiques des pays concernés. Des pays de la région pourraient ainsi être suspendus alors que d’autres sont réadmis après une période plus ou moins longue d’exclusion.

Une baisse de 88% des exportations du secteur du textile-habillement

Le rapport précise que l’impact de la suspension d’un pays bénéficiaire du programme AGOA sur ses exportations vers les États-Unis est jusqu’à dix fois plus important que celui de sa suspension du système généralisé de préférences. Cela pourrait s’expliquer en partie par une durée moyenne de suspension plus longue dans le cadre de l’AGOA, et un plus grand nombre de produits éligibles à l’AGOA pour lesquels les pays d’Afrique subsaharienne possèdent des avantages comparatifs.

La Banque mondiale révèle également que l’impact de l’exclusion des pays sur leurs exportations varie en fonction de la durée de la suspension. Les pays qui ont été suspendus de l’AGOA pendant plus de deux ans comme la République centrafricaine, la Gambie, Madagascar ou encore le Soudan du Sud ont vu leurs exportations vers les États-Unis décliner en moyenne de 45%.

Les effets de la suspension varient aussi en fonction du taux d’utilisation du régime AGOA par les différents pays éligibles. Dans les pays où le taux d’utilisation est supérieur à 30%, une suspension entraîne en moyenne un recul de 65% des exportations vers les États-Unis.

Le rapport souligne d’autre part que l’impact négatif de la suspension du régime AGOA diffère aussi selon les secteurs. Dans le secteur du textile-habillement, une baisse de 88% des exportations des pays suspendus vers les États-Unis a été enregistrée. Dans d’autres secteurs comme l’agriculture, l’industrie, les minerais et le pétrole, les baisses des exportations ne sont pas très significatives.

La Banque mondiale conclut que la suspension de l’accès à un accord commercial non réciproque tel que l’AGOA pourrait représenter un risque important pour les économies en développement. D’où l’intérêt pour les pays développés d’abandonner ce genre d’accords commerciaux unilatéraux et non réciproques au profit d’accords plus réciproques, tout en gardant à l’esprit l’objectif primordial de la réduction de la pauvreté.

Les pays d’Afrique subsaharienne gagneraient, quant à eux, à diversifier davantage leurs marchés d’exportation et à renforcer les échanges commerciaux intra-régionaux.

agenceecofin

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