En pleine bataille avec le gouverneur de Floride, Disney annule un campus à 900 millions de dollars

Disney a annulé, jeudi, un projet de campus à 900 millions de dollars près de son parc d’attraction en Floride. Le groupe justifie sa décision par un nouvel environnement des affaires, dans un contexte de fortes tensions politiques avec le gouverneur républicain Ron DeSantis, potentiel candidat à la présidentielle en pleine croisade anti-« woke ».

Disney, en pleine bataille politique avec le gouverneur de Floride Ron DeSantis, a annoncé, jeudi 18 mai, que le groupe renonçait à construire dans l’État un campus de près de 900 millions de dollars près de son parc d’attractions.

Le géant américain du divertissement, qui a récemment engagé d’importantes réductions de coûts, justifie sa décision par un nouvel environnement des affaires depuis l’annonce du projet en 2021, avec notamment un nouveau directeur général et « l’évolution de la conjoncture économique », selon un mémo adressé aux employés et consulté par l’AFP. Pour ces raisons, « nous avons décidé de ne pas poursuivre la construction du campus », y écrit Josh D’Amaro, le responsable des parcs d’attraction.

La décision intervient aussi sur fond de fortes tensions politiques avec les autorités locales. Celles-ci jugent l’entreprise trop progressiste depuis que ses dirigeants ont publiquement dénoncé, en 2022, un projet de loi qui restreignait l’enseignement des sujets en lien avec l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les écoles primaires de Floride.

Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, étoile montante de la droite dure américaine, qui s’est lancé dans une offensive contre une supposée culture « woke », a mis fin en février au statut spécial dont bénéficiait Disney dans son État depuis les années 1960.

« Vengeance ciblée »
Le gouverneur a aussi publiquement évoqué la construction d’une prison près de Disney World ou de nouvelles taxes sur les hôtels du site, qui emploie 75 000 personnes et attire 50 millions de visiteurs par an. Disney a répliqué en portant plainte, estimant qu’il s’agissait d’une « vengeance ciblée » à son encontre pour le punir d’avoir exercé sa « liberté d’expression ».

Figure de la droite populiste aux États-Unis, Ron DeSantis est largement vu comme le concurrent le plus sérieux de Donald Trump pour la primaire républicaine précédant la prochaine élection présidentielle. Selon les médias américains, le gouverneur de Floride pourrait annoncer bientôt sa candidature à la présidentielle de 2024.

Et signe de la portée politique du différend avec Disney, Donald Trump a vitupéré, jeudi, contre Ron DeSantis dans un communiqué, l’accusant d’avoir perdu « tout seul » l’investissement du groupe, car le gouverneur serait « trop faible pour se battre pour son État ». « Le conflit raté de Ron DeSantis avec Disney n’a pas vraiment aidé sa campagne fantôme et bancale », a ajouté le milliardaire républicain.

« Regrettable »
Des critiques à propos de cette dispute avaient déjà commencé à émerger à droite, certains républicains fustigeant un combat anti-entreprises qui va à l’encontre de la tradition de leur parti.

Côté démocrate, le responsable du comté d’Orange – qui comprend la ville de Lake Nona où devait se situer le campus – a jugé « regrettable » la décision de Disney. Mais « c’est une conséquence prévisible quand l’environnement de travail entre l’État de Floride et le milieu des affaires n’est pas inclusif et collaboratif », a déploré Jerry Demings.

Disney bénéficiait depuis les années 1960 d’un statut spécial aux nombreux avantages – facilités administratives, autogestion du site, emprunts avantageux, etc.

Le groupe avait annoncé en juillet 2021 son intention de demander à plus de 2 000 employés de déménager pour s’installer en Floride. Ce projet était porté par l’ancien directeur général, Bob Chapek, remplacé en novembre 2022 par Bob Iger alors que les résultats de Disney étaient fragilisés par la faible performance de la plateforme de streaming du groupe, Disney+.

Le coût du campus, selon des informations de presse, était évalué en 2021 à 864 millions de dollars. La décision de renoncer à ce projet « n’a pas été facile à prendre, mais je crois que c’est la bonne », note Josh D’Amaro dans le mémo jeudi.

AFP

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