Chaque innovation technologique entraîne dans son sillage un coût environnemental élevé. ChatGPT ne fait pas exception à la règle. Une étude a mis en lumière l’empreinte carbone de cette intelligence artificielle sur laquelle nombre d’entreprises se sont ruées.
Un bilan carbone équivalent à celui de 136 aller-retours en avion entre Paris et New York. C’est l’empreinte carbone associée à ChatGPT3, selon des estimations de la plateforme Greenly.
Impossible (ou presque) de l’avoir raté : depuis son lancement fin 2022, le service d’intelligence artificielle ChatGPT est au centre de bien des discussions. Ce nouvel outil d’IA générative est capable de produire des contenus divers et variés pour de nombreux usages du quotidien : recherche d’informations, résumés de livres, recettes de cuisine…
Certains internautes l’utilisent même pour rédiger des lettres de motivation ou des discours de témoin pour les mariages !
L’intérêt pour ChatGPT n’a fait que s’accroître en mars dernier, avec la sortie de la version GPT-4, encore plus sophistiquée et performante. Mais toute innovation a un coût écologique, comme on a pu le constater avec d’autres technologies récentes telles que les cryptomonnaies ou les NFT. Et (on s’en serait douté), ChatGPT ne fait pas figure d’exception.
INTENSÉMENT MIS À CONTRIBUTION AVEC LES INTELLIGENCES ARTIFICIELLES GÉNÉRATIVES, LES DATA CENTERS SONT PLUS QUE JAMAIS DES GOUFFRES ÉNERGÉTIQUES.
La face cachée des data centers
L’application et plateforme française Greenly, qui propose aux entreprises d’évaluer leurs émissions de CO2 en temps réel, s’est justement penchée sur l’empreinte carbone de ChatGPT3. La note s’avère plutôt salée. Selon les estimations de Greenly, la version GPT-3 du nouveau service d’IA émettrait 240 tonnes de CO2équivalent (CO2e), soit l’équivalent de 136 voyages aller-retour entre Paris et New-York.
Le principal poste énergivore de ChatGPT3 ne réside pas dans son utilisation en elle-même, mais dans les data centers déployés pour le faire fonctionner.
À eux seuls, les systèmes d’apprentissage représentent 99 % des émissions totales, soit 238 tCO2e à l’année. « Dans le détail, le fonctionnement électrique couvre les trois quarts de l’empreinte carbone (soit 160 tCO2e), suivi de la fabrication des serveurs (68,9 tCO2e) et de la fuite des gaz réfrigérants (9,6 tCO2e) », précise l’enquête.
Enthousiasme revu à la baisse
Les deux tonnes restantes de l’empreinte carbone évaluée par Greenly concernent la conception de l’outil à son utilisation, comme le stockage de données, le transfert des données et l’opération de recherche.
Ce calcul se base sur le scénario selon lequel une entreprise utiliserait ChatGPT pour envoyer automatiquement un million de mails envoyés par mois sur une période d’un an. De quoi mettre en perspective l’enthousiasme général éprouvé pour cet outil, perçu comme « révolutionnaire » à bien des égards.
« Malgré les performances fascinantes de ChatGPT, il est légitime de se demander si le jeu en vaut la chandelle sur le plan environnemental. À chaque avancée technologique, les émissions carbone augmentent significativement », souligne Tommy Catherine, expert climat pour Greenly.