Les troubles de l’audition peuvent entraîner de graves répercussions sur la santé des personnes concernées, jusqu’à la démence. Pour éviter d’en arriver là, le port d’appareils auditifs s’avèrerait très efficace d’après une nouvelle étude.
Dans le monde, la perte auditive (supérieure ou égale à 20 dB) affecte 10 % des personnes âgées de 40 à 69 ans, 30 % des personnes âgées de plus de 65 ans et 70 à 90 % des personnes âgées d’au moins 85 ans. En plus de la perte auditive, la démence représente une affection courante chez les personnes âgées.
La recherche a montré une association entre la perte auditive et la démence, indiquant que le trouble de l’audition pourrait être un facteur de risque potentiel modifiable pour la démence, grâce à l’utilisation d’appareils. C’est ce que suggère une nouvelle étude publiée dans The Lancet.
« Notre travail fournit les meilleures preuves à ce jour pour suggérer que les aides auditives pourraient être un traitement peu invasif et rentable pour atténuer l’impact potentiel de la perte auditive sur la démence », a déclaré le professeur Dongshan Zhu de l’université de Shandong (Chine), coauteur de l’étude.
Les chercheurs ont tout d’abord utilisé les données de la UK Biobank (d’après une étude qui a recruté des adultes âgés de 40 à 69 ans), pour finalement inclure dans les analyses plus de 430 000 personnes d’un âge moyen de 56 ans.
Des questionnaires d’auto déclaration ont permis de connaître le statut d’utilisation des aides auditives parmi les participants atteints de perte auditive. Les diagnostics de démence toutes causes confondues ont été établis à partir des dossiers hospitaliers et des registres de décès.
Ne pas porter d’appareil auditif majore le risque
L’étude compare les différents cas de figures pour comprendre l’impact des appareils auditifs sur le risque de démence. Par rapport aux participants ayant une audition normale, les personnes souffrant d’une perte auditive et n’utilisant pas d’appareils auditifs présentaient un risque de démence toutes causes confondues 42 % plus élevé. En revanche, l’utilisation d’appareils auditifs semble protéger de la démence, puisque cette aide est associée à un risque de démence d’un niveau similaire à celui des personnes sans perte auditive.
Un autre volet de la recherche a analysé l’impact des facteurs psychosociaux (comme la solitude, l’isolement social et les symptômes dépressifs) sur l’association entre la perte auditive et la démence. Améliorer ces facteurs psychosociaux parfois liés à l’audition permettrait de diminuer cette association, suggérant que les bienfaits directs des appareils auditifs sur la démence ne sont pas si clairs. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour établir une relation de cause à effet.
Un effort de santé collectif et rentable
« Nos résultats soulignent la nécessité urgente d’introduire des aides auditives dès qu’une personne commence à souffrir d’une déficience auditive. Un effort collectif de l’ensemble de la société est nécessaire, notamment pour accroître l’accessibilité aux appareils auditifs en réduisant leur coût », a appuyé Dongshan Zhu. L’utilisation d’aides auditives pour prévenir la démence est rentable et permet de réaliser des économies. Aux États-Unis, elles sont désormais en vente libre.
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