Je suis une personne incarcérée. Je sais pertinemment que le verdict de culpabilité de Derek Chauvin

• -Lorsque Derek Chauvin a été reconnu coupable du meurtre de George Floyd, de nombreuses personnes ont annoncé le concept de «responsabilité».
• -En tant que personne incarcérée qui s’est efforcée de m’améliorer, nous devons apprendre la différence entre la responsabilité et la simple punition.
• -Christopher Blackwell est un écrivain incarcéré au Washington State Reformatory à Monroe, Washington.
• Ceci est une chronique d’opinion. Les pensées exprimées sont celles de l’auteur.

«Responsabilité» est un mot souvent jeté avec peu ou pas de compréhension de sa véritable signification et de son but. Cela n’a jamais été aussi vrai qu’avec la récente condamnation de Derek Chauvin et le dialogue qui l’entoure.

Lorsque la superstar de la NBA LeBron James a répondu à la condamnation avec un mot, « RESPONSABILITÉ », elle a obtenu plus de 228 000 likes et plus de 30 000 retweets, cela a montré que les gens avaient perdu le contact avec ce que signifie réellement la responsabilité.

Oui, Derek Chauvin a été reconnu coupable du meurtre de George Floyd, comme il aurait dû l’être, mais ce n’est pas une responsabilité, c’est juste une punition. Le système de justice pénale confond ces deux concepts, mais nous ne pouvons pas emboîter le pas.

Vaut mille mots

La fausse équivalence entre punition et responsabilité a été distribuée à la société par le biais de notre système de justice dysfonctionnel. Nous avons été amenés à croire que la punition résoudra tous nos problèmes, mais ce ne sera pas le cas. Qu’est-ce qui fait qu’un nombre arbitraire d’années passées en prison équivaut à la responsabilité? Comment est-ce que cela corrige le tort qui a été causé?

Nous devons comprendre ce qu’est réellement la responsabilité. Lorsqu’elle est utilisée correctement, une véritable responsabilité peut apporter croissance et guérison, et c’est ce à quoi nous devons tous nous efforcer en cas de préjudice. La véritable responsabilité nous permet d’apprendre de la douleur que nous avons causée et de briser le cycle de nos voies nuisibles. Je sais, parce que quand j’avais 22 ans, j’ai pris une vie humaine lors d’un vol de drogue. Cela m’a conduit à recevoir une peine de 38 ans de prison. Quand j’ai reçu ma condamnation pour la première fois, je me suis dit: « Je le mérite. J’ai pris une vie, et maintenant je dois en payer le prix. » C’est ce qu’on m’avait appris en grandissant dans un système dysfonctionnel qui n’avait jamais eu à cœur mon intérêt ou celui de ma communauté.

Des années se sont écoulées avant que je me rende compte qu’être responsable de mes actes n’avait rien à voir avec la peine de prison que j’ai reçue. Être responsable consistait à faire un travail personnel approfondi qui m’aiderait à voir que je devais assumer le préjudice que j’avais causé, et surtout, je devais arrêter de chercher des excuses pour mes actes et reconnaître que j’étais seul responsable des dommages. Bien sûr, il existe des facteurs et des circonstances atténuants qui nous amènent à vivre certains modes de vie – en particulier les modes de vie criminels – néanmoins, nos actions sont les nôtres et doivent être reconnues comme telles.

Quand j’ai pris la vie d’un individu, peu importe quelles étaient mes intentions – que ce soit un accident ou une légitime défense ou un moment de confusion – j’avais choisi de faire un vol et pendant ce vol, j’avais pris une vie humaine. J’avais besoin de rendre des comptes pour ce préjudice. Je pourrais purger une centaine de peines d’emprisonnement à perpétuité, mais cela ne me rendrait pas responsable, ni ne ferait quoi que ce soit pour ceux à qui j’ai fait du mal.

En faisant le travail pour me responsabiliser, j’ai constaté que le système de justice pénale extrêmement brisé n’offre pas de responsabilité, ni même une voie pour y parvenir. Il offre simplement une condamnation par la loi et entrepose ensuite les condamnés. C’est ça. J’en suis venu à la conclusion que seul moi, et moi seul, serions en mesure d’entamer le processus de responsabilisation.

Je tiens à reconnaître qu’il est facile, après avoir été piétiné toute une vie, de perdre de vue l’objectif final et de confondre une condamnation devant les tribunaux comme une responsabilité. Même après toutes mes années de formation en tant qu’animateur de justice réparatrice en responsabilité, j’ai été victime de vouloir voir Derek Chauvin souffrir. Quand ils ont dit qu’il serait détenu à l’isolement, un rire diabolique s’est échappé de mes lèvres parce que j’ai passé d’innombrables jours là-bas et je voulais qu’il, un flic, ressente cet isolement et cette douleur que les autres et moi avons été forcés de ressentir. Cependant, je me suis vite rendu compte qu’en tant qu’abolitionniste des prisons, ce n’est pas ce que je veux vraiment. Je ne veux pas accepter ce système de justice brisé comme le mien.

Au cours de la dernière décennie, je me suis engagé à comprendre la responsabilité et la meilleure façon de me tenir responsable du tort que j’ai causé. J’ai appris à faire cela tout en tenant compte de ceux que j’ai blessés: ma communauté, mes proches et moi-même. Acquérir ces compétences tout en faisant face au mal que j’avais causé ne s’est pas fait du jour au lendemain, et j’y travaille toujours. Je serai pour le reste de ma vie. C’était la seule façon de commencer à expier le préjudice mortel que j’ai causé dans ma jeunesse.

Dans le cas de Derek Chauvin, la responsabilité ne viendra que s’il fait le travail pour se responsabiliser. En tant que société, nous pouvons le punir, mais c’est tout ce que nous pouvons faire. La responsabilité est de sa responsabilité. Être tenu responsable par quelqu’un d’autre est bien différent d’être tenu responsable par nous-mêmes.

En tant que société, nous devons décider: recherchons-nous le genre de justice et de responsabilité qui empêcheront la police de tuer des personnes de couleur dans nos communautés, ou sommes-nous simplement prêts à adhérer au système brisé de la soi-disant justice qui a détruit nos communautés et d’innombrables vies en leur sein?

Nous ne pouvons pas continuer à permettre à ces flics racistes et trop zélés de continuer à assassiner des gens dans les rues. Mais nous ne voulons pas non plus être victimes de croire que leur version de la justice est la même que la nôtre, car à la fin, leur système de police ciblera toujours ceux qu’il a été conçu pour opprimer: des communautés de couleur appauvries comme celle que j’ai grandie. in. Nous leur devons, ainsi qu’à nous-mêmes, beaucoup plus.

Christopher Blackwell, 40 ans, est incarcéré au Washington State Reformatory à Monroe, Washington, et travaille à la publication d’un livre sur l’isolement cellulaire. Ses écrits ont été publiés par le Washington Post, le HuffPost, BuzzFeed, Jewish Currents et de nombreuses autres publications. Il purge une peine de 45 ans. 

Source: businessinsider.fr