Les élus de la Chambre des représentants se sont prononcés mercredi 31 mai à une très large majorité en faveur du texte suspendant le plafond de la dette jusqu’en 2025, éloignant ainsi le risque d’un possible défaut des États-Unis sur leur dette à compter du 5 juin. Le projet de loi, qui a reçu 314 voix pour et 117 contre, doit désormais être adopté par le Sénat, le chef de la majorité démocrate, Chuck Schumer, assurant mercredi qu’il le soumettrait «aussi vite que possible» afin que «nous évitions le défaut de paiement».
Dans un communiqué, Joe Biden a qualifié le vote de «pas en avant essentiel afin de prévenir pour la toute première fois un défaut». Selon le président démocrate, ce résultat a été obtenu grâce à un «compromis des deux partis». De son côté, le chef républicain de la Chambre, Kevin McCarthy, a pour sa part estimé, lors d’une conférence de presse, que ce vote «plaçait le citoyen américain en priorité» en réalisant ce «qu’aucune mandature précédente n’avait réussi jusqu’ici»: réduire les dépenses fédérales. «Le vote de ce soir a permis d’adopter les plus importantes coupes budgétaires de l’histoire américaine», a-t-il insisté.
Un compromis qui ne satisfait personne
Fruit de négociations marathon et arraché au forceps pendant le week-end prolongé de Memorial Day, le texte doit avant tout permettre d’éviter le pire : que les caisses du pays se retrouvent à sec lundi prochain, risquant alors d’amener les États-Unis au défaut de paiement. C’est pour éviter ce scénario aux répercussions potentiellement catastrophiques pour l’économie que Joe Biden et Kevin McCarthy ont conclu un accord, qui, comme tout compromis, n’a pleinement satisfait personne.
«Aucun camp n’a obtenu tout ce qu’il voulait», a ainsi résumé Joe Biden après l’adoption du texte. Kevin McCarthy avait lui reconnu avant le vote qu’il ne ferait pas le plein de voix dans son camp, tout en affichant son optimisme. Et pour cause, les leaders démocrates, bien qu’ils aient été contraints de retoucher au budget fédéral, s’étaient engagés à apporter les voix qui manqueraient à ce texte.
«Les démocrates de la Chambre feront en sorte que le pays ne fasse pas défaut. Un point, c’est tout», avait déclaré leur chef Hakeem Jeffries. Promesse tenue puisque le projet de loi a reçu 314 voix en faveur, 165 démocrates et 149 républicains, alors que 117 élus s’y sont opposés, 71 républicains et 46 démocrates.
Suspension du plafond jusqu’en 2025
Dans les deux camps, cependant, de nombreuses voix avaient fait savoir qu’elles ne voteraient pas le texte. Chez les républicains, les principales critiques émanent de l’aile trumpiste qui réclamait davantage de coupes dans les dépenses. L’élu du Texas Chip Roy a ainsi fustigé un «mauvais accord», pour lequel «aucun républicain ne devrait voter». Certains membres de leur groupe envisagent même une motion de censure pour obliger Kevin McCarthy à quitter le perchoir. La proposition peut être déposée par un seul élu.
Des voix plus modérées, comme celle de l’élue de Caroline du Sud, Nancy Mace, ont aussi manqué à l’appel. «Cet “accord” formalise le niveau record atteint par les dépenses fédérales durant la pandémie et en fait la base de référence des dépenses à venir», avait-elle critiqué en amont du vote. Côté démocrate, des élues de l’aile gauche comme Pramila Jayapal et Alexandria Ocasio-Cortez, refusaient de soutenir un texte «imposé» selon elles par les républicains.
Le projet de loi suspend le plafond de la dette jusqu’en 2025, soit après les élections présidentielles, fin 2024. En échange, certaines dépenses se verront limitées afin de les maintenir stables, hors dépenses militaires, en 2024 et en hausse de 1%, hors inflation, en 2025. Il prévoit par ailleurs une baisse de 10 milliards de dollars des fonds alloués aux services fiscaux pour se moderniser et renforcer les contrôles.
Le bureau de Kevin McCarthy a par ailleurs déclaré que l’accord prévoit le recouvrement «de milliards de dollars de fonds Covid non dépensés» pendant la pandémie, sans autre précision. Gros point de contentieux, le compromis inclut des modifications aux conditions imposées pour bénéficier de certaines aides sociales: il augmente de 49 à 54 ans l’âge jusqu’auquel les adultes sans enfants doivent travailler pour recevoir une assistance alimentaire, mais il élimine cette obligation de travailler pour les anciens combattants et les sans-abris.
AFP