Mission des Émirats vers Mars : des retombées scientifiques et économiques

Plus d’un an et demi après la mise en orbite autour de Mars de la sonde Hope par les Émirats, la mission a délivré des résultats scientifiques inédits à l’échelle internationale, mais aussi incité le pays à poursuivre sa trajectoire spatiale.

Il y a plus d’un an et demi, en février 2021, la Mission martienne des Émirats atteignait la planète rouge en plaçant en orbite sa sonde Hope. Les Émirats arabes unis devenaient alors la première nation arabe à atteindre Mars et le cinquième pays à étudier son climat après six ans de planification au centre spatial Mohammed Bin Rashid de Dubaï.

La réussite de cette mission a alimenté l’innovation dans d’autres secteurs, indique Ibrahim Al Qasim, directeur général adjoint de l’Agence spatiale des Émirats. « Le choix s’est porté sur Mars parce que cette planète présente un grand intérêt pour la communauté scientifique mondiale et nous voulions envoyer une mission qui complète les précédentes et qui examine davantage en profondeur, la relation entre la couche supérieure et la couche intermédiaire de l’atmosphère de Mars, » explique-t-il.

Les Émirats ont inséré Hope autour de Mars, sept mois après le décollage de la mission au Japon le 20 juillet 2020. L’appareil est actuellement en orbite pour une année martienne, soit l’équivalent de 687 jours sur Terre. C’est aussi la première fois que la communauté scientifique internationale dispose d’une vue complète de l’atmosphère martienne à différents moments de la journée, au cours de différentes saisons.

De nouvelles initiatives spatiales

Omran Sharaf, ministre assistant aux Affaires étrangères et à la Coopération internationale et président du Comité des Utilisations Pacifiques de l’Espace Extra-Atmosphérique aux Nations Unies, précise qu’une « nouvelle approche verticale au sein de notre ministère des Affaires étrangères dédiée à la science, la technologie et l’espace a été créée. »

« Nous avons une nouvelle mission qui se dirigera vers la ceinture d’astéroïdes, ainsi qu’une autre mission concernant le développement de la constellation de satellites solaires connue sous le nom de Sirb et un nouveau fonds a été annoncé pour l’espace, » poursuit-il.

« Tout cela est lié et fait partie de l’aventure de la Mission martienne des Émirats qui a commencé il y a environ huit ans dans l’objectif de créer un impact au niveau national, de faire émerger dans le pays, une communauté et un secteur scientifique et technologique très compétents et capables de relever nos défis nationaux, qu’il s’agisse de la sécurité alimentaire, de notre approvisionnement en eau ou de l’environnement, » souligne-t-il.

Une source d’inspiration pour la jeunesse arabe

Toutes les données de la mission sont mises à la disposition d’un grand nombre d’universités et d’instituts de recherche dans le monde entier. En plus d’être une grande source d’inspiration pour les jeunes Arabes, la mission devrait également avoir un impact durable sur l’économie des Émirats arabes unis.

« La mission martienne était très puissante et inspirante pour les jeunes des Émirats et de la région et c’était à l’origine, le principal objectif de son financement, » fait remarquer Ibrahim Al Qasim, directeur général adjoint de l’Agence spatiale des Émirats.

Parmi les résultats significatifs obtenus à ce jour, on peut citer de nouvelles connaissances sur le phénomène des aurores qualifiées de « discrètes » dans l’atmosphère nocturne de Mars, la localisation et l’évolution de tempêtes de poussière au comportement inattendu, ainsi qu’un phénomène jamais observé auparavant : une aurore semblable à un immense serpent couvrant la moitié de la planète rouge.

Dubai Media Office
La sonde Hope en orbite autour de MarsDubai Media Office

Un marqueur de vie sur Mars

Thomas Reiter, ex-coordinateur interagences et conseiller auprès du directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA), estime de son côté : « Les Émirats ont fait un travail remarquable de ce point de vue et cela montre aussi que la collaboration dans le domaine scientifique est extrêmement important. »

« Les scientifiques ont de très bons contacts avec la mission européenne Trace Gas Orbiter qui depuis 2016, se trouve en orbite autour de Mars, » renchérit-il. « La sonde Trace Gas Orbiter recherche différents gaz à l’état de traces dans l’atmosphère, en particulier le méthane et le méthane pourrait être un marqueur de vie ; jusqu’à présent, nous n’avons pas vraiment de preuves claires, » reconnaît-il avant d’ajouter : « Mais une fois encore, il s’agit de coordonner ces efforts et de définir les objectifs appropriés pour des missions comme Hope et celles qui seront lancées dans le futur. »

« Ne pas rendre l’espace inutilisable pour nos enfants »

En plus de placer des sondes en orbite autour de Mars, l’ESA met l’accent sur la durabilité. « L’utilisation durable de l’espace est une question qui devient vraiment cruciale de nos jours, » assure Rolf Densing, directeur des opérations au sein de l’Agence. « Nous vivons à une époque où l’environnement orbital de la Terre est en train de changer radicalement, principalement en raison de la prolifération de débris spatiaux et de méga-constellations, » dit-il.

« Aujourd’hui, il y a environ 8000 objets en orbite autour de la Terre et puis, nous avons des hommes d’affaires qui prévoient de lancer des méga-constellations comportant des dizaines de milliers de petits satellites et cela change totalement la donne, » insiste-t-il. « Nous devons considérer que les orbites autour de la Terre sont une ressource limitée, donc, à un moment donné, nous avons besoin d’une réglementation et il faut nous assurer de ne pas rendre l’espace inutilisable pour nos enfants, » prévient-il.

Suite de la mission martienne des Émirats, quatorze articles scientifiques ont été publiés, avec des résultats inédits, impliquant des avancées scientifiques majeures.

Dans le cadre de sa mission spatiale, le pays a pour objectif de contribuer à élaborer la première vue d’ensemble complète du climat et de l’atmosphère de Mars, mais aussi, à Terre, de se construire une économie du savoir créative et compétitive.

euronews

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