En 2009, Quentin Tarantino annonçait qu’il prendrait sa retraite à l’âge de 60 ans. Aujourd’hui, le réalisateur de « Pulp Fiction » et de « Jackie Brown » réitère cette affirmation et s’interroge sur l’avenir du cinéma à l’ère du streaming.
À l’occasion du festival de Cannes, Quentin Tarantino a confirmé lors d’une interview à Deadline, que son prochain film, « The Movie Critic », serait son dernier. Cette annonce n’a pas surpris l’assistance, qui se souvient que le réalisateur avait déjà annoncé en 2009 qu’il se retirerait du cinéma à l’âge de 60 ans.
Cependant, celui qui vient d’atteindre cet âge vénérable a laissé entendre qu’il pourrait envisager d’autres modes d’expression, comme la réalisation d’une série télévisée, d’un court-métrage ou d’une pièce de théâtre. Tout en soulignant qu’il mettrait probablement l’accent sur l’écriture.
Le cinéma, c’est terminé pour Tarantino
L’une des raisons évoquées par Tarantino pour son retrait est la montée en puissance des services de streaming et la mutation qu’ils imposent à l’industrie du cinéma. « Qu’est-ce qu’un film de nos jours ? Est-ce juste quelque chose qu’ils diffusent sur Apple ? Ce serait un retour sur investissement diminué », a-t-il déclaré.
Tarantino a toujours été un ardent défenseur du cinéma en salle. Depuis ses débuts, il insiste sur le fait que les films sont destinés à être vus au cinéma, avant d’être éventuellement diffusés à la télévision. « Je vais probablement faire le film [« The Movie Critic »] avec Sony parce qu’ils sont les derniers à être absolument, complètement, engagés dans l’expérience en salle. Ils ne cherchent pas à alimenter leur réseau de streaming. Ils s’engagent dans l’expérience en salle. Ils mesurent le succès par le nombre de fesses sur les sièges », assène-t-il.
Certaines productions à gros budget n’ont pas l’impact qu’elles pourraient avoir dans la sphère culturelle parce qu’elles sont directement diffusées sur une plateforme de streaming. Selon lui, ces films « n’existent pas dans l’air du temps. C’est presque comme s’ils n’existaient pas du tout ».
Il prend l’exemple de Netflix, avec qui Ryan Reynolds a signé pour plusieurs films : « Je ne critique personne, mais apparemment pour Netflix, Ryan Reynolds a gagné 50 millions de dollars sur ce film, 50 millions sur celui-là et 50 millions sur le suivant pour eux. Je ne sais pas quels sont ces films. Je ne les ai jamais vus. Et vous ? ».
Selon lui, les films qui sortent au cinéma restent dans l’imaginaire, contrairement à ceux qui sont produits pour les plateformes de streaming.
La question de savoir si le streaming a irrémédiablement endommagé le cinéma a été soulevée. « Je ne pense pas être aussi négatif à ce sujet. Je pense que ça allait dans ce sens et que la pandémie a tout précipité », a répondu Tarantino. Il a également ajouté qu’il n’avait « pas de compte à régler avec la télévision en tant que telle » mais qu’il était préoccupé par le fait que de nombreux programmes télévisés ressemblaient à des feuilletons.
Il souligne la différence entre l’expérience d’un film et celle d’une série télévisée : « C’est très prenant pendant qu’on le regarde. Mais une fois que c’est terminé, trois semaines après avoir regardé le dernier épisode, je n’ai généralement pas les mêmes sentiments que j’ai après avoir regardé un bon film ».
JDG