Faut-il craindre une saison des ouragans encore anormalement intense cette année ?

La saison des ouragans débute officiellement ce jeudi 1er juin dans l’Atlantique Nord. Contre toute attente, les grands organismes météo s’accordent tous sur une saison cyclonique à priori moins intense que les précédentes.

Chaque année, à l’approche de la  des ouragans, c’est le même discours : les bulletins de prévisions cycloniques annoncent à chaque fois une saison plus active que la normale. Sauf, cette année. La NOAA et les différentes universités américaines, qui publient des bulletins concernant la saison cyclonique dans l’Atlantique Nord, annoncent toutes une saison « proche des normales », voire même « sous la normale » !

Dans le contexte actuel du réchauffement climatique, ces déclarations peuvent surprendre : la hausse des températures des océans est le carburant principal des ouragans. Lorsque les eaux sont anormalement chaudes, les phénomènes cycloniques se forment plus facilement, et surtout, s’intensifient plus rapidement. 

Un retour à la normale prévu en 2023

La , organisme américain de référence pour l’étude des océans et de l’, estime qu’il est probable à 40 % que la saison cyclonique de l’Atlantique Nord soit normale, à 30 % qu’elle soit plus faible que la normale, et à 30 % au-dessus de la normale. Entre le 1er juin et le 30 novembre, la NOAA prévoit 12 à 17 phénomènes, dont 5 à 9 ouragans, parmi lesquels 1 à 4 ouragans majeurs.

Cela ne veut bien-sûr pas forcément dire qu’ils toucheront les terres et feront des dégâts. L’indice de confiance pour toutes ces prévisions est de 70 %. 16 phénomènes cycloniques se sont formés dans l’Atlantique Nord en 2022, 21 en 2021 et 31 en 2020, un record. Quoi qu’il en soit, la saison des ouragans 2023 est prévue comme « moins active que celles des années précédentes » : il s’agira donc probablement d’un retour à la normale après une succession de saisons anormalement intenses. 

Le retour d’El Niño va perturber la formation des ouragans

Alors que se passe-t-il cette année ? Principal facteur qui influencera la saison 2023, le retour d’El Niño, un réchauffement d’une partie des eaux du Pacifique qui a une influence sur le climat mondial (après 3 années de , son homologue froid). El Niño est bien connu pour diminuer l’activité cyclonique de l’Atlantique nord, tandis que La Niña a souvent pour conséquence de la rendre plus intense.

El Niño impacte la  du monde de différentes manières selon les régions : dans l’océan atlantique, il provoque une zone de hautes  dans l’atmosphère, avec des  forts à haute altitude. Ce fort cisaillement de vent empêche les ouragans de s’élever en altitude, et donc de devenir plus puissants : dans ces conditions, les ouragans ont donc plus de mal à se former, et sont donc moins intenses.

L'ouragan Ian, en catégorie 4/5, à proximité de la Floride en septembre 2022 : il s'agit du phénomène cyclonique le plus dévastateur survenu dans l'Atlantique Nord l'année dernière. © Nasa

L’OURAGAN IAN, EN CATÉGORIE 4/5, À PROXIMITÉ DE LA FLORIDE EN SEPTEMBRE 2022 : IL S’AGIT DU PHÉNOMÈNE CYCLONIQUE LE PLUS DÉVASTATEUR SURVENU DANS L’ATLANTIQUE NORD L’ANNÉE DERNIÈRE.

Cependant, l’inquiétant réchauffement des eaux des océans pourrait changer la donne : le changement climatique complique la prévision cyclonique en perturbant les lois naturelles de l’atmosphère et des océans. La NOAA le rappelle, même si la saison cyclonique est réellement moins intense que les précédentes, il suffit d’un seul ouragan pour créer un désastre de grande ampleur.
A l’instar de l’ouragan Ian, qui a marqué la saison cyclonique de 2022 : celui-ci avait dévasté la Floride en septembre, faisant au moins 161 morts et des dizaines de milliards de dollars de dégâts.   

futura

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