Il y a des limites à tout. Le système Terre ne fait pas exception. Depuis plusieurs décennies, les chercheurs conseillent de respecter les limites de notre Planète. Encore fallait-il qu’elles soient scientifiquement établies. Tenant compte du lien étroit qui nous unit aujourd’hui plus que jamais à notre Terre. C’est désormais chose faite.
Ils se présentent sous la bannière de la Commission de la Terre. Ils, ce sont plus de 40 scientifiques venus de différents horizons. De différents pays. Aujourd’hui, ils nous proposent de poser un regard nouveau sur celles que l’on appelle les limites planétaires. Celles qui ont été introduites par le rapport Meadows, il y a 50 ans déjà. Qui nous montrent jusqu’où nous pouvons aller de l’exploitation de notre Terre.
Pour la première fois, l’équipe présente des chiffres et une base scientifique solide pour évaluer l’état de santé de notre Terre. En matière de stabilité et de résilience. Cet aspect est plutôt classique en la matière. Mais aussi en matière de bien-être humain et d’équité. Faisant apparaître le lien étroit qui nous lie à notre planète. « Nous ne pouvons pas avoir une planète biophysiquement sûre sans justice », affirme en effet Joyeeta Gupta, coprésidente de la Commission de la Terre.
Les travaux des chercheurs définissent aujourd’hui des limites sûres et justes du système Terre pour cinq domaines critiques — le climat, la biosphère, l’eau, les nutriments et la pollution de l’air — qui jouent un rôle clé dans le maintien de la vie et la stabilité de notre planète. Des limites sûres — comprenez celles qui garantissent des conditions stables et résilientes avec comme point de référence d’une planète saine un système de type holocène — qui s’appuient notamment sur les connaissances de la science des points de basculement. Et des limites justes qui, elles, évitent aux humains d’être exposés à des dommages importants. De type, maladies chroniques, famines, pertes de revenus ou même décès.
Une base solide sur laquelle construire un avenir durable
Pour exemple, les chercheurs soulignent que dans le domaine du climat, la limite juste a d’ores et déjà été franchie. Elle se situait à 1 °C au-dessus des normales préindustrielles. Et le réchauffement climatique actuel a atteint la barre des 1,2 °C. La limite sûre, quant à elle, tient toujours. Elle est fixée à +1,5 °C. L’ennui, c’est que celle que les chercheurs qualifient de limite sûre ET juste, et qui se base sur la plus contraignante des deux, a donc elle aussi bel et bien déjà été dépassée. Montrant comment la prise en compte de la notion d’équité vient resserrer les limites du système Terre.
« Pour autant, la justice est une nécessité pour que l’humanité vive dans les limites planétaires. Ce n’est pas un choix politique. Des preuves accablantes montrent qu’une approche juste et équitable est essentielle à la stabilité planétaire », souligne Joyeeta Gupta.
Autre exemple, celui de la gestion de l’eau. La limite sûre et juste est fixée à 20 % de modification du débit mensuel des eaux de surface. Les chercheurs notent qu’elle est dépassée sur 34 % de la surface du globe. La limite d’un prélèvement annuel inférieur à la recharge des eaux souterraines est quant à elle dépassée sur 47 % de la superficie mondiale !
“Cette évaluation fournit les limites scientifiques pour un développement prospère et équitable sur une planète stable”
« Cette évaluation fournit, à toutes les parties prenantes, des limites scientifiques sur lesquelles s’appuyer pour assurer un développement mondial prospère et équitable sur une planète stable, un avenir meilleur aussi bien pour la planète que pour les personnes », remarque Johan Rockström, également co-président de la Commission de la Terre. Il n’y a donc plus qu’à faire… mais à faire vite. Parce que « jamais la gestion des biens communs mondiaux n’a été aussi urgente et importante à prendre en main », conclut Wendy Broadgate, la directrice exécutive de la Commission de la Terre.
futura