La moitié nord de la France est touchée par une sécheresse éclair, un assèchement fulgurant des sols et de la végétation en raison de conditions météo précises. Ce phénomène récent tend à se multiplier en Europe depuis quelques années.
Le répit n’aura été que de courte durée au nord du pays : après les fortes pluies de mars et d’avril qui ont fait disparaître la sécheresse de surface, la situation a complètement basculé à partir de la mi-mai. Un large anticyclone s’est positionné au nord de l’Europe et il semble désormais impossible de le déloger. Un temps sec s’est alors mis en place, les températures sont devenues estivales, et un vent de nord-est s’est mis à souffler de manière quotidienne.
Cette bise, comme on l’appelle couramment, est un vent qui assèche. En soufflant à 40/50 km/h sur la moitié nord, avec un taux d’humidité dans l’air de seulement 20 à 30 %, les effets ont été très rapides : le sol et la végétation se sont complètement desséchés en l’espace de 2 semaines. Il s’agit d’une sécheresse éclair, un phénomène météo qui a tendance à se multiplier depuis les années 1950, selon une étude publiée dans Science.
Le terme est une traduction de l’expression américaine flash drought, mais l’organisme de référence Météo France se veut prudent sur l’emploi du terme : ses ingénieurs météorologues se refusent pour le moment à l’utiliser.
Des sols desséchés, mais un impact limité sur les cultures
Les régions tempérées et humides du monde, comme l’Europe, sont les plus touchées. Là où une sécheresse classique se produit sur le long terme (plusieurs mois), une sécheresse éclair se produit en 30 à 45 jours, et même 7 jours pour les plus extrêmes. Si l’événement a lieu en dehors de la saison habituellement sèche (l’été), les dégâts sur la végétation peuvent être importants.
Lorsque tous les paramètres météo sont réunis (chaleur, absence de pluie, ensoleillement d’environ 14 h par jour à cette période de l’année, vent de nord-est), l’évapotranspiration s’effectue de manière très rapide : l’eau du sol et des végétaux est renvoyée dans l’atmosphère sous forme gazeuse.
Les sols ne sont pas encore en état de stress hydrique : les précipitations ont été très importantes au nord au printemps. Selon l’agroclimatologue Serge Zaka, il y a « peu d’impact sur les cultures d’hiver pour le moment. Par contre, cela peut poser des problématiques de développement pour les nouveaux semis : pomme de terre, betterave, maïs etc. ». Les jeunes pousses vont en effet avoir du mal à percer la couche de terre sèche.
Cette sécheresse éclair va continuer à s’aggraver au moins jusqu’au 10 juin. Le vent de nord-est va tout de même faiblir, au moment où la chaleur va se renforcer, c’est-à-dire à partir du 7 juin. Les 30 °C seront atteints au nord, avec toujours aucune pluie en prévision.
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