France-Maroc: Voilà où réside réellement le blocage

Les relations entre la France et le Maroc sont bloquées à cause de la position ambiguë de Paris au sujet du Sahara. Selon Mustapha Tossa, tous les autres éléments de crise qui perturbent les relations entre les deux pays, ne sont que la conséquence du positionnement français.

« Officiellement ça coince sur le fait que le Maroc par le biais du Roi Mohammed VI, avait formulé une demande politique à l’égard de la France et d’un certain nombre de pays européens (pour dire) que le temps est venu de sortir de la zone grise, la zone de confort, qui consiste à ne pas reconnaitre totalement officiellement la marocanité du Sahara, la souveraineté marocaine sur le Sahara. Et cette demande royale marocaine n’a pas eu la réponse (escomptée) » de la part de la France, a indiqué le journaliste franco-marocain sur l’émission radio Sur le ring.

Selon lui, cette position est réellement « le point de blocage » entre les deux pays. Le journaliste estime que « si demain la diplomatie française sort de sa zone de confort et que par le biais d’Emmanuel Macron ou de sa ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, la France reconnait la marocanité du Sahara comme ça a été fait par les Américains et un certain nombre de pays européens, les Allemands et les Espagnols, à l’instar aussi de nombre de pays arabes et africains (…), il y aurait une nouvelle dynamique dans la relation franco-marocaine », explique-t-il. « J’en suis sûr », tranche Tossa.

L’absence d’évolution dans la position de la France sur le Sahara, « c’est ce qui a paralysé le dialogue politique » entre les deux pays, ainsi que les visites de haut niveau, souligne-t-il, en parlant d’une « demande marocaine et d’un silence français ».

Mustapha Tossa poursuit que c’est aussi la cause de l’absence de nomination d’un nouvel ambassadeur du Maroc à Paris depuis le rappel de Mohamed Benchaaboun pour diriger le Fonds Mohammed VI et « Christophe Lecourtier qui est là sans être là ».

« Si la diplomatie française bouge ses lignes sur ce sujet là, je crois que les Marocains pourraient oublier toutes les autres formes de crises » pour donner un « nouvel esprit dynamique » dans les relations franco-marocaines, estime le spécialiste en affaires maghrébines.

Au sujet des récentes révélations de l’écrivain marocain Tahar Benjelloun, le journaliste Mustapha Tossa a déclaré: « Ce qu’a dit Tahar Benjelloun et ce que disent d’autres sources, pour moi, sont les conséquences de cette mauvaise compréhension entre Paris et Rabat ».

Il indique en ce sens que « le problème des visas, la résolution du Parlement européen, même les campagnes médiatiques contre le Maroc, je les intègre dans ce bras de fer extrêmement important et sensible que ce livrent deux pays amis, intimement liés par l’histoire, par la culture et l’économie ».

Ce profond malaise et cette crise diplomatique majeure entre les deux pays ne permettra pas l’organisation d’une visite officielle du président Emmanuel Macron au Maroc, affirme-t-il.

Selon Mustapha Tossa, cette visite est « inenvisageable » parce que les Marocains attendent que l’Etat profond français puisse bouger sur la question du Sahara.

Il estime à cet égard que si Paris ne bouge pas dans le sens de la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara, même si les relations devaient reprendre il n’y aura pas de reconnexion au même niveau, ni de l’importance « vitale et à la hauteur des enjeux entre les deux pays ».

Tossa rappelle que tout a été dit dans la phrase du Roi Mohammed VI dans laquelle il a expliqué que le Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc observe ses relations extérieures avec ses alliés et amis.

« On ne peut pas être amis et avoir une relation économique très dense et là je parle des projets structurants et gigantesques avec la France, si eux ne font pas l’effort de s’adapter aux équations nouvelles que connait ce conflit », conclut-il.

hespress

You may like