Quatre enfants et deux adultes ont été blessés dans une attaque au couteau, jeudi 8 juin 2023, à Annecy (Haute-Savoie). Il était environ 9 h 45 quand un homme armé d’un couteau s’est précipité sur les victimes, dans le secteur du Pâquier, au bord du lac d’Annecy.
Line Bonnet-Mathis, procureure de la République d’Annecy, a donné une conférence de presse, aux côtés du préfet de Haute-Savoie, Yves Le Breton, et du maire d’Annecy, François Astorg, en début d’après-midi, puis une autre en fin d’après-midi. Voici ce que l’on sait du drame.
Une attaque à l’arme blanche dans un parc
Jeudi matin, peu après 9h30, un homme, vêtu d’un short noir, un foulard noué sur la tête, s’en prend à un groupe d’enfants avec une arme blanche dans une petite aire de jeux, dans le secteur du Pâquier, un parc qui borde le lac d’Annecy. « On a vu une personne attaquer des enfants dans des jeux, des petits. Manifestement, c’était sa cible », rapporte un témoin de la scène à France Bleu . Deux agents d’entretien disent avoir tenté de s’interposer « pour arrêter le monsieur », réussissant à encercler ce dernier. « Ça nous a mis les larmes aux yeux. »
Selon des témoins interrogés sur BFMTV , après l’attaque, l’homme a tenté de s’enfuir de l’aire de jeu et attaqué une personne âgée avant d’être interpellé par la police. « Il voulait attaquer tout le monde. Je me suis écarté et il a foncé tout droit sur un papy et une mamie, et il poignarde le papy », a en outre confié au Dauphiné Libéré, l’ancien joueur de Saint-Etienne et de Liverpool Anthony Le Tallec qui faisait son footing au bord du lac. « C’était la panique totale […] Il avait un bandana ou un turban, il l’a enlevé devant moi. Il ne disait rien de spécial. »
Plusieurs enfants entre la vie et la mort
Six personnes ont été blessées, dont quatre enfants âgés de 22 mois à 3 ans. Ces quatre derniers ont été placés en urgence absolue. L’un d’entre eux « est de nationalité néerlandaise et un autre de nationalité anglaise », a indiqué la procureure de la République d’Annecy qui souligne que « les autorités consulaires sont au courant ». « Les quatre enfants sont toujours en urgence absolue », a-t-elle précisé en fin d’après-midi.
Deux adultes figurent aussi par les victimes, dont l’une a été poignardée par le suspect, puis « au moment de l’intervention des services de police, a été blessée par une arme à feu utilisée par la police », informe la magistrate. Toutes les victimes ont été hospitalisées en France ou en Suisse. Au total, 37 personnes sont également en état de choc psychologique.
L’assaillant est un Syrien de 31 ans, en situation régulière
Selon des témoins cités par France Bleu , le suspect a tenté de fuir avant d’être « interpellé grâce à l’intervention très rapide des forces de l’ordre », selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Quatre minutes se sont écoulées entre l’appel aux secours et l’arrestation du suspect.
Cet homme, né en octobre 1991, et de nationalité syrienne, était inconnu des services de police. Après avoir vécu 10 ans en Suède, où il a obtenu le statut de réfugié le 26 avril 2023, il avait formulé une demande d’asile en France, refusée car sans objet. « Il était régulier du point de vue du droit de l’Union », selon une source citée par Libération . Dans sa procédure, il se serait déclaré chrétien de Syrie, d’après Le Parisien et BFM TV .
Aucun « antécédent psychiatrique n’a été identifié » chez le suspect, selon l’exécutif qui parle d’un « homme sans domicile fixe ». L’homme aurait été interpellé en possession d’une croix et d’un livre de prières chrétien et était marié à une Suédoise avec qui il aurait eu un enfant.
Sur les lieux de l’attaque, des témoins interrogés par Le Dauphiné Libéré et France Bleu ont indiqué que le suspect errait depuis plusieurs mois dans le secteur du Pâquier. « Il était là tous les matins, du matin au soir et tout le monde l’avait repéré, un peu parce qu’il était tout seul. Il se lavait le matin sur le Pâquier. On se disait « c’est qui, il est bizarre », mais par contre, il nous disait bonjour », raconte une femme à la radio locale.
Le motif de l’attaque encore inconnu
Les motivations du suspect restent pour l’heure inconnues, a assuré la procureure dans un point à la presse à la mi-journée, qui assure qu’« u’en l’état, il n’y a pas d’élément qui pourrait nous laisser entendre qu’il y avait une motivation terroriste. » Une enquête est en cours « tentative d’assassinat », ajoute la magistrate.
Le suspect, qui « n’est pas blessé ou très légèrement », est actuellement toujours en garde à vue. Le parquet national anti-terroriste (Pnat) reste toutefois « présent » et « procède à une évaluation » des circonstances du drame.
« Il n’y a qu’un seul assaillant suspect et une seule arme », a aussi tenu à rappeler la procureure. Le mis en cause n’était « ni sous l’emprise de stupéfiants, ni sous l’emprise d’alcool », a-t-elle précisé aux journalistes, en rappelant que le suspect n’a pas d’antécédents judiciaires.
Un flot de réactions politiques
La Première ministre Élisabeth Borne et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sont arrivés sur place en début d’après-midi. « Nous sommes bouleversés par cet acte odieux, inqualifiable […] C’est tout notre pays qui est sous le choc », a déploré la cheffe du gouvernement dans un point presse à 15 h 30, accompagnée du ministre de l’Intérieur et de la procureure. « C’est le temps de l’émotion et de l’unité », a-t-elle appelé.
Plus tôt, Emmanuel Macron a dénoncé, dans un tweet, une « attaque d’une lâcheté absolue », ajoutant : « La Nation est sous le choc. »
Attaque d’une lâcheté absolue ce matin dans un parc à Annecy. Des enfants et un adulte sont entre la vie et la mort. La Nation est sous le choc. Nos pensées les accompagnent ainsi que leurs familles et les secours mobilisés.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 8, 2023
« Une nouvelle fois, nos enfants sont la cible de l’augmentation des violences dans notre société. Cet acte ne pourra pas rester impuni », a tweeté Charlotte Caubel, secrétaire d’État chargée de l’Enfance. « Effroyable attaque ce matin sur le Pâquier à Annecy. Toutes mes pensées aux victimes et aux familles », a écrit le maire d’Annecy, François Astorg.
Malgré d’âpres débats autour de la réforme des retraites, les députés ont observé une minute de silence à l’Assemblée nationale et de nombreuses personnalités politiques, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen, ont fait part de leur sidération et de leur soutien aux proches des victimes.
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