Depuis la publication du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), l’état de notre climat s’est encore aggravé. Des chercheurs alertent. Les décideurs vont avoir besoin de données mises à jour annuellement pour adapter leurs politiques de lutte.
Le travail réalisé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) est précieux. Grâce à lui, les décideurs ont accès aux données scientifiques solides dont ils ont besoin pour élaborer leurs politiques de lutte contre le changement climatique. Des données actualisées tous les cinq ou dix ans.
« Ce n’est pas suffisant », alerte aujourd’hui un groupe d’une cinquantaine de scientifiques. En travaillant sur les principaux indicateurs climatiques, ils ont découvert qu’ils avaient déjà évolué depuis la publication du volet 1 du dernier rapport du Giec. Selon eux, le réchauffement climatique anthropique a continué d’augmenter, depuis, à un « rythme sans précédent ».
Alors que le rapport du Giec évoque un réchauffement de 1,07 °C pour la décennie 2010-2019 par rapport aux moyennes préindustrielles, ces nouveaux travaux concluent à une hausse de 1,14 °C pour la dernière décennie – soit 2013-2022. Les chercheurs évoquent aussi un « niveau record » d’émissions de gaz à effet de serre de 54 milliards de tonnes en moyenne au cours, toujours, de la dernière décennie – on parle cette fois de 2012-2021.
Une autre conclusion inquiétante de l’analyse, c’est que notre budget carbone s’épuise à grande vitesse. En 2020, le Giec avait estimé que si nous voulions garder 50 % de chances de maintenir la hausse de la température mondiale à moins de 1,5 °C, il nous restait un maximum de 500 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) à émettre. Début 2023, ce chiffre est tombé à… 250 milliards de tonnes environ ! Un chiffre qui résulte à la fois de la poursuite de nos émissions de gaz à effet de serre à un rythme soutenu et de l’actualisation de l’état du réchauffement.
ICI SYNTHÉTISÉS DANS UN TABLEAU, LES PRINCIPAUX RÉSULTATS DU TRAVAIL D’UNE ÉQUIPE INTERNATIONALE DE CHERCHEURS SUR L’ÉVOLUTION DES INDICATEURS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE.
Des indicateurs plus proches de la réalité
Parmi les scientifiques impliqués dans cette étude, une figure connue, Valérie Masson-Delmotte. Celle qui a coprésidé le groupe de travail 1 du dernier rapport d’évaluation du Giec note que « cette mise à jour robuste montre l’intensification du réchauffement de notre climat induit par les activités humaines. Il s’agit d’un signal d’alarme qui intervient au moment opportun – pour le bilan mondial 2023 de l’Accord de Paris – pour montrer que le rythme et l’ampleur de l’action climatique ne sont pas suffisants pour limiter l’escalade des risques liés au climat ».
Compte tenu de l’évolution très rapide de la situation, « une mise à jour annuelle des indicateurs clés du changement climatique est essentielle pour aider la communauté internationale et les pays à maintenir l’urgence de s’attaquer au problème et à prendre des décisions fondées sur des preuves scientifiques », estiment les chercheurs. C’est pourquoi ils ont mis en place une plateforme ouverte destinée à mettre à jour les informations sur les principaux indicateurs climatiques tous les ans.
« Nous devons être agiles face au changement climatique. Nous devons changer les politiques et les approches à la lumière des dernières données sur l’état du système climatique. Le temps n’est plus de notre côté. L’accès à des informations à jour est d’une importance vitale », concluent les chercheurs.
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