Le septuagénaire néerlandais qui a tiré samedi, sur fond de conflit de voisinage, sur une famille britannique dans le Finistère, tuant une fillette de 11 ans, a été mis en examen et incarcéré lundi pour assassinat.
« Il y a un conflit de voisinage ancien, une exaspération face aux travaux multiples qu’entreprenait (le père de famille britannique) sur sa propriété », comme de l’élagage ou du débroussaillage, a déclaré le procureur de Brest Camille Miansoni lundi au cours d’une conférence de presse.
Le septuagénaire et son épouse, installés sur la commune de Plonévez-du-Faou (Finistère) depuis 2015, « considéraient que ça venait troubler la tranquillité qui était la leur », en causant des « nuisances sonores » et en ouvrant « la vue sur une propriété jusque-là à l’abri de tout regard », a développé le magistrat.
« Il y a eu au fil des années une exaspération profonde qui a conduit à ce drame », a-t-il ajouté.
Samedi soir, vers 22H00, Dirk R., ressortissant néerlandais de 70 ans, a ouvert le feu sur ses voisins britanniques, tirant à trois ou quatre reprises, tuant une fillette de 11 ans et blessant gravement son père de 50 ans à la tête.
Ce dernier, Adrien T., est toujours hospitalisé en réanimation avec un pronostic vital engagé, selon le procureur.
Son épouse Rachel, plus légèrement blessée, est également hospitalisée, ainsi que leur fille de 8 ans, qui a réussi à échapper au tireur, mais est en état de choc.
– « Il a exprimé des regrets » –
Retranchés dans leur maison, le tireur puis son épouse, Marlene V. H., une Belge de 69 ans, se sont « rendus sans heurts et sans difficultés aux gendarmes » peu après les faits, a déclaré la colonelle Charlotte Tournant, qui commande le groupement de gendarmerie du Finistère.
Deux carabines ont été saisies à leur domicile, dont une de 22 Long Rifle qui serait l’arme du crime. Des plants de cannabis desséchés ont également été découverts. Le couple, qui a un casier judiciaire vierge, était positif au cannabis et à l’alcool au moment des faits, selon le procureur.
Présenté à un juge d’instruction lundi, le principal suspect, un ancien éducateur, a été mis en examen pour assassinat et tentatives d’assassinats puis incarcéré. « Il a visé clairement le père de famille et son épouse. En revanche, il semble plus distant quant à l’éventuelle reconnaissance d’avoir tiré sur la jeune fille », a précisé M. Miansoni.
Dans ses déclarations, il « a indiqué regretter ce qu’il s’est passé. Il a exprimé des regrets », a déclaré M. Miansoni.
Son épouse a été placée sous le statut de témoin assisté pour l’infraction de « soustraction d’objet faisant obstacle à la manifestation de la vérité ». Suspectée d’avoir voulu cacher l’arme du crime, elle est ressortie libre.
Le conflit de voisinage à l’origine du drame couvait depuis l’arrivée de la famille britannique dans le petit hameau isolé de Saint-Herbot, en 2019. « La gendarmerie avait alors été avisée d’un conflit d’ordre privé et de la mise en place d’une procédure de conciliation de justice par rapport au différend qui existait entre ces deux voisins », a indiqué la colonelle Tournant.
« Par la suite il n’a pas été rapporté à la gendarmerie d’autres éléments d’infraction pénale », a-t-elle ajouté, alors que des voisins ont évoqué des menaces de mort adressées à la famille britannique.
Le tireur encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
AFP