La crise de la Covid-19 a déferlé comme un tsunami sur les économies africaines en 2020 et 2021. Avant même ce choc exogène, les champions du continent étaient déjà à la peine. C’est ce que montre la nouvelle édition du palmarès des 500 premières entreprises africaines.
La nouvelle contre-performance du top 500 est d’autant plus inquiétante que l’économie du continent avait connu une croissance plutôt robuste. Selon la Banque africaine de développement (BAD), le PIB continental a crû de 3,3 % en 2019, dont 3 % pour la seule Afrique sub-saharienne. Avec la crise sanitaire, l’Afrique, comme le reste du monde, s’est engluée dans une récession inédite avec une chute du PIB estimée à 2,1 % en 2020. Selon les dernières prévisions de la BAD, le PIB continental devrait toutefois regagner 3,4 % en 2021.
Notre classement montre une nouvelle fois que deux facteurs externes jouent un rôle clé dans l’évolution de l’activité de nos champions transcrite en devise américaine : le prix des matières premières et les variations de change. Le rand a continué à s’affaiblir. Son cours moyen face au dollar a reculé d’environ 9 % en 2019. Les devises algérienne et marocaine se sont dépréciées d’environ 2 %, et l’euro, sur lequel est basé le CFA, de 5 %.
En matière monétaire quelques pays ont connu des situations hors normes en 2019, comme l’Angola dont la devise, le kwanza, s’est effondrée d’environ 50 % face au dollar. Cette situation explique la forte chute, plus de 40 %, de l’activité libellée en dollars de Sonangol (7e, soit un recul de cinq places). Autre grand facteur de variation, le prix des matières premières a été diversement orienté en 2019.
Du côté de l’or noir, la valeur du baril WTI (West Texas Intermediate, pétrole de référence à la bourse de New York) a chuté de plus de 10 %, selon le prix moyen annuel publié par la Banque mondiale. De même source, le coton, l’huile de palme et le café ont légèrement reculé. Le cacao ou le caoutchouc s’affichent en hausse. Tout comme les métaux précieux, or en tête. Le prix du minerai de fer a, lui, bondi d’un tiers : une bonne affaire pour la Snim en Mauritanie qui gagne onze places (151e).
Dans ce contexte économique contrasté, le top 15 de notre classement représente près de la moitié de la valeur du chiffre d’affaires des 500 premières entreprises, et connait peu de changements. Il comprend néanmoins deux sorties : le marocain OCP (18e), affecté par la faiblesse des prix des engrais, et Imperial Holdings.
Ce groupe sud-africain s’est scindé en deux sociétés : Imperial Logistics dans la logistique (38e) et Motus (17e) dans la distribution automobile. Ces sortants sont remplacés dans le top 15 par deux groupes sud-africains : Anglo American Platinium (10e) qui bénéficie de la vigueur des platinoïdes et le raffineur et distributeur de carburants Engen (14e), filiale de Petronas.
Par grandes régions, deux zones voient leur poids relatif reculer : l’Afrique centrale (qui passe de 2,25 % à 2,15 % du total des 500) et l’Afrique australe (56,34 % contre 57,9 %), illustration là encore des désordres monétaires en Angola et de la persistance de l’atonie de l’Afrique du Sud. Le pays présidé par Cyril Ramaphosa n’a connu que 0,2 % de croissance en 2019. Il est désormais largement distancé en termes de PIB par le Nigeria mais aussi l’Égypte.
En dépit de ces difficultés, l’Afrique du Sud demeure toutefois de très loin le pays comptant le plus grand nombre d’entreprises classées (156, soit huit de moins que l’an dernier). Celles-ci pèsent toujours 51,4 % du poids total, mais leur chiffre d’affaires cumulé recule légèrement (-1,8 %).
Enfin, côté rentabilité, sur 387 entreprises pour lesquelles nous disposons de données complètes, la marge nette moyenne (y compris les sociétés en perte) s’élève à 5,1 %. Ce chiffre est en net recul comparé aux 7,3 % de l’an dernier. Ceci s’explique essentiellement car nous avons désormais omis du classement le secteur financier.
JA a adressé un questionnaire à plus de 14 000 entreprises et reçu environ 1 500 réponses. Le Top 500 prend en compte les sociétés juridiquement présentes sur le continent. Tous les chiffres ont une source identifiable ou certifiée. Certains groupes familiaux comme Dangote n’établissent pas de comptes consolidés et sont absents. Les entreprises qui ne publient pas de comptes, sont, par définition, omises.
Les chiffres portent sur l’exercice clos fin 2019 ou jusqu’à mars 2020 et sont convertis en dollar américain aux taux du 31 décembre 2019. Faute de données actualisées, les entreprises sortent du classement au bout de deux ans.
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