Une liste de 450 molécules prioritaires, dont les stocks seront surveillés par l’ANSM, doit être rendue publique par le ministre de la santé, François Braun, mardi après-midi.
Le chef de l’Etat a prolongé, mardi 13 juin, son offensive de communication lancée en mai sur le thème de la réindustrialisation. Emmanuel Macron a présenté en Ardèche un plan de relocalisation de la production de médicaments en France, pour faire face à des pénuries structurelles sur des produits importés, des antibiotiques au paracétamol.
Le président de la République a annoncé la publication d’une liste de 450 médicaments pour lesquels une « sécurisation des chaînes d’approvisionnement » sera prioritaire. Elle doit être détaillée par le ministre de la santé, François Braun, mardi après-midi. « On n’a pas le droit d’avoir de faiblesse », a insisté M. Macron à propos des molécules « essentielles » présentes sur cette liste.
« Ce qu’on a vécu (…) on ne doit pas le reproduire », a-t-il ajouté, évoquant certaines substances manquantes lors de la crise sanitaire ou dont certaines filières d’approvisionnement ont été bousculées par la guerre en Ukraine dès le début de l’année 2022. Les stocks seront surveillés et contrôlés par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Au sein de cette liste de 450 médicaments, une sélection de 50 molécules sera priorisée pour leur relocalisation – « le cœur du cœur du réacteur », selon l’expression choisie par le chef de l’Etat. La relocalisation de la moitié de cette liste resserrée va aboutir « dans les prochaines semaines », selon Emmanuel Macron, qui a évoqué huit projets de relocalisation déjà intégrés dans le plan France 2030 pour un soutien de l’Etat de 160 millions d’euros.
Parmi les dispositifs déjà annoncé lors d’un message de la présidence diffusé sur Twitter, le britannique GSK doit investir 22 millions d’euros afin de moderniser son site de production d’amoxicilline en Mayenne. Cet antibiotique, le plus prescrit aux enfants pour soigner les infections, est régulièrement en rupture de stock.
Le chef de l’Etat, qui sera accompagné du ministre du travail, Olivier Dussopt, du ministre de la santé, François Braun, et du ministre de l’industrie, Roland Lescure, s’est rendu à Champagne pour une visite du laboratoire pharmaceutique Aguettant. Ce déplacement était identifié comme le premier d’une série de rendez-vous présidentiels consacrés au renforcement de la souveraineté industrielle et technologique française, qui vont se poursuivre jusqu’à lundi prochain.
Antibiotiques, paracétamol, antiépileptiques, anticancéreux… De plus en plus de médicaments viennent à manquer dans les pharmacies, en France comme ailleurs en Europe, suscitant une inquiétude croissante de divers acteurs. Selon l’étude BVA réalisée pour France Assos Santé en mars 2023, 37 % des Français ont été confrontés à des pénuries en pharmacie, souligne l’Elysée.
Une problématique en partie liée à une trop grande dépendance de l’étranger. La France dépend à hauteur de 60 % à 80 % des importations, notamment de la Chine, pour la production de médicaments dits matures (antibiotiques, produits d’anesthésie…), un seuil qui grimpe à 95 % pour les biomédicaments. Pour répondre à ces pénuries, une liste de 281 médicaments « critiques », dont la production est susceptible d’être relocalisée, a été remise à François Braun à la mi-mai. Attendue par le secteur, son contenu devrait être publié mardi.
AFP