Face à une « persistance inédite » du virus H5N1, le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires prône, dans un avis publié lundi, un renforcement de la surveillance.
Depuis 2020, une série d’épidémies de grippe aviaire frappe le monde, décimant volailles et oiseaux sauvages. Presque toutes sont dues à un virus hautement pathogène, dit H5N1. En France, l’un des pays les plus touchés d’Europe, 22 millions de volailles ont dû être abattues de manière préventive en 2021-2022 – et six millions en 2022-2023. Rien qu’en 2022, les pertes économiques ont été estimées à plus d’un milliard d’euros dans notre pays.
Depuis le 1er août 2022, 400 foyers ont été détectés dans des élevages en France. Certes, les premiers mois de 2023 ont été marqués par une accalmie, conduisant le ministère de l’agriculture à abaisser le niveau de risque d’« élevé » à « modéré ». Mais depuis début mai, 81 nouveaux foyers sont apparus dans des élevages du Gers, des Landes et des Pyrénées-Atlantiques.
« La vigilance et le respect des règles de prévention restent impératifs », avertissait le ministère de l’agriculture le 30 mai. De son côté, l’Organisation mondiale de la santé a jugé la situation « préoccupante » après la mort d’un enfant des suites du H5N1 au Cambodge, en février.
« Malgré tous les efforts des agences sanitaires et des acteurs du domaine, il est nécessaire de renforcer les dispositifs de veille et d’anticipation de ce risque sanitaire », relève Brigitte Autran, qui préside le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars). Lundi 12 juin, ce comité a rendu son avis, après s’être autosaisi de la question.
« Persistance inédite »
Il souligne plusieurs « points d’alerte », « de nature à accroître le risque pour la santé humaine ». Le virus, en effet, circule de manière permanente et élevée parmi les oiseaux sauvages. Cette « persistance inédite » multiplie les risques de contamination des oiseaux d’élevage. En outre, la grippe aviaire se propage vers de nouvelles espèces sauvages : oies, vautours, cygnes, mouettes, goélands…, sans compter les fous de Bassan, chez qui le virus a causé une hécatombe à l’été 2022.
« En France métropolitaine, le virus circule chez plus de 500 espèces d’oiseaux sauvages », indique Patrick Giraudoux, écologue, membre du Covars. « C’est un virus qui ne peut être éradiqué du fait de la très grande diversité de ses réservoirs animaux », renchérit Thierry Lefrançois, vétérinaire, membre du Covars.
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