Le nord du Kosovo continue d’être le théâtre de tensions communautaires entre Serbes et albanophones. L’arrestation de policiers kosovars albanophones par la Serbie, mercredi 14 juin, est le dernier avatar de ces tensions. Les deux capitales s’accusent mutuellement de provocations, alors que la diplomatie perd encore du terrain.
Les trois policiers kosovars arrêtés par la police serbe l’ont-ils été sur le territoire du Kosovo ou sur celui de la Serbie ? Pour Belgrade, ces policiers ont été interceptés plus d’un kilomètre à l’intérieur de son territoire, tandis que pour Pristina, ils ont été kidnappés à l’intérieur du Kosovo. L’incident intervient au lendemain de l’arrestation, par le Kosovo, d’un civil serbe au nord du pays, accusé d’avoir mené les incidents violents du mois dernier. Cette arrestation avait provoqué un regain de tensions au nord.
Dialogue de sourds
Le dialogue de sourds continue donc entre Pristina, qui multiplie les gestes, certes légaux, mais qui attisent les tensions sur le terrain, et une communauté internationale avide d’une stratégie de baisse de ces tensions. Les Européens ont d’ailleurs retoqué le plan kosovar de retour à la normale, et ont pour la première fois évoqué des mesures de rétorsion contre le Kosovo. Dans ce contexte, l’arrestation des trois policiers kosovars, qui a été aussitôt suivie d’une fermeture des frontières du Kosovo aux marchandises et aux véhicules serbes, complique encore la situation.
Si l’arrestation de policiers kosovars albanophones est le dernier avatar de ces tensions, l’installation de maires albanophones dans les communes peuplées par des Serbes continue également d’alimenter les violences entre les deux communautés. L’Union européenne tape du poing sur la table et menace désormais le gouvernement kosovar et le Premier ministre Albin Kurti.
Pour elle, il n’y a pas de doute possible : la responsabilité des tensions dans le nord du Kosovo incombe au gouvernement de Pristina. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, fait savoir expressément que c’est au Premier ministre Albin Kurti d’assurer la désescalade. Après les heurts entre manifestants serbes et soldats de l’Otan le 30 mai, l’Union européenne avait demandé de ramener le calme à la fois au Kosovo et à la Serbie.
À présent, le gouvernement kosovar à Pristina se voit menacé de « conséquences politiques ». Il n’est pour l’instant pas question de sanctions, mais plutôt de « mesures restrictives » comme la suspension des visites et des contacts à haut niveau. Les 27 se sont vu proposer d’imposer une batterie de mesures décrites comme temporaires. Ces dernières pourraient, en théorie, aller jusqu’à la suspension du soutien financier de l’Union européenne au gouvernement kosovar.
Lors du sommet de Chisinau le 1er juin, en Moldavie, la France et l’Allemagne ont demandé de nouvelles élections municipales et « des décisions claires » pour la semaine suivante. Quinze jours plus tard, les propositions du premier ministre kosovar mardi 13 juin n’ont pas convaincu et n’ont pas empêché de nouvelles violences dans la ville divisée de Kosovska Mitrovica.
RFI