Après 47 ans d’existence, les Denver Nuggets ont enfin décroché leur premier titre NBA de l’histoire après un succès la nuit dernière lors du match 5 des finales face aux coriaces Miami Heat (94-89). Tout sourire et heureux de devenir le second entraîneur assistant africain francophone à décrocher le trophée Larry O’Brien, Boniface Ndong revient sur le match, et sur le succès de l’équipe et des stars Nikola Jokic et Jamal Murray.
RFI : Les Nuggets ont remporté leur premier titre de l’histoire, comment vous sentez-vous ?
Boniface Ndong : Je suis super heureux. On est champions ! C’est une sensation incroyable ! On a réussi à conclure cette série et à enfin ramener un titre à Denver, qui l’attendait depuis si longtemps. On a le sentiment du devoir accompli, du travail bien fait et on est tous très contents de ce merveilleux accomplissement. Ça a été un travail énorme, tout le monde s’est impliqué à fond, et aujourd’hui, on récolte les fruits de notre travail. Tout ce dur labeur paye, et on va savourer ce titre comme il le faut.
À titre personnel, vous êtes seulement le second entraîneur assistant Africain et francophone à être champion NBA. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
C’est un fait incroyable, et je pense à mon pays, car je porte le Sénégal dans mon cœur et je suis fier de représenter mon pays et de rendre fier mes compatriotes. Ce titre NBA, c’est une grosse chance, c’est une énorme satisfaction, et je sais que y arriver est très, très difficile, mais j’exprime toute ma gratitude aux Nuggets et à l’organisation qui m’a permis de réaliser ce rêve. Le Congolais Patrick Mutombo, qui a été champion avec les Toronto Raptors en 2016, avait marqué l’histoire, et on fait aussi cela pour tout le continent, et montrer à nos compatriotes Africains que tout est possible. Je suis fier d’être un champion NBA, venu du Sénégal, d’être un champion NBA pour l’Afrique. On essaye de contribuer à l’histoire du basket Africain de la meilleure manière possible.
Pour revenir sur le match numéro 5, on a senti les Nuggets tendus, qui ont joué un peu avec la pression sur de longues minutes…
Oui, on a raté beaucoup de tirs, beaucoup de tirs à trois points aussi, et c’est vrai qu’il y avait un peu de tension, de pression dans l’air car on voulait gagner et enfin conclure cette série. Quand on se rapproche du titre, les émotions sont au plus haut, et il faut savoir les gérer, même si cela n’a pas été facile. Le rôle des cadres, comme Nikola Jokic qui a poussé un gros coup de gueule durant un temps mort, et des vétérans, comme DeAndre Jordan sur le banc, a été important, car on a su se ressaisir et resserrer la vis en défense dans les minutes finales. Lors des dernières minutes, un duel aussi tendu se joue sur la gestion des émotions, et sur ce point, on a été meilleurs que Miami.
Miami n’a rien lâché avant les 3 dernières minutes, et les deux équipes se sont livrées à un mano à mano d’une rare intensité. Quel a été la clé en termes de jeu sur les minutes finales ?
Notre défense a été irréprochable lors des dernières minutes, et on a forcé Miami à commettre des erreurs et à prendre des tirs difficiles. Il ne marque que 89 points, ce qui est très peu pour une équipe NBA, encore plus lors d’un match de finales, ça veut dire qu’on a fait un très gros travail pour protéger notre partie de terrain. Les joueurs avaient les crocs, et on a tout livré dans la bataille pour conclure la série et enfin fêter ce premier titre.
L’ambiance dans la salle était folle, bruyante et on sentait une ferveur sans précédent pour l’équipe. Comment avez-vous vécu cette ambiance et ce soutien du public ?
Ils ont été géniaux, et on a toute la ville derrière nous, tout Denver nous soutient. Vous savez, ce n’est pas une grande ville, et on n’avait jamais gagné de titre, mais ils ont toujours été là, notre salle est toujours pleine, et nos fans sont super bruyants. C’est aussi l’une des raisons pour laquelle il est très difficile de venir nous battre chez nous ! On a une atmosphère exceptionnelle, les habitants et l’État du Colorado sont à fond derrière l’équipe et on leur doit aussi beaucoup. Ce titre est aussi grâce à eux, et pour eux. La parade va être gigantesque, toute la ville va être dans la rue, ça va être spectaculaire !
Nikola Jokic, auteur de playoffs et de finales incroyables, enchaîne avec une nouvelle distinction personnelle avec le titre de MVP de la série…
Il a été monumental, il a sorti des performances qu’on avait pas vues depuis les Bill Russell et Wilt Chamberlain et autre Hakeem Olajuwon. Marquer plus de 30 points de moyenne, avec plus de 12 rebonds et dix passes, c’est juste extraordinaire. Il a mis une nouvelle fois tout le monde d’accord, il justifie les deux titres de MVP qu’il a eu durant deux ans de suite, il a dominé la série de la tête et des épaules, un vrai patron. Je suis très heureux pour lui et sortir un tel niveau de performance durant des finales NBA, c’est la marque des légendes, des très, très grands champions.
Les Nuggets ont réalisé l’une des meilleures saisons régulières de leur histoire, et conclu avec leur premier titre. Mais il y a encore quelques semaines en arrière, les avis n’étaient pas vraiment enthousiastes ni très convaincus quant à la possibilité de voir les Nuggets remporter un titre. Cela donne-t-il une saveur spéciale à ce titre ?
On a cru en nous, on s’est mis dans une situation favorable et on a utilisé cette énergie, ce manque d’exposition médiatique ou de reconnaissance médiatique pour continuer à travailler. On n’a pas trop attiré l’attention, on a fait notre petit bonhomme de chemin, et nous voici sur le toit de la NBA (rires). Je pense que cela met les choses au clair, et que même si les pronostics n’étaient que trop rarement en notre faveur, on a réussi notre pari et on a remporté le titre, et ça, personne ne pourra plus jamais nous l’enlever. On a notre nom dans le palmarès des champions NBA pour l’éternité.
RFI