France: endettées et sans rentabilité, les start-up du commerce rapide à la peine

Est-ce la fin du commerce rapide en France ? Ces start-up de livraison alimentaire à domicile, dont les entrepôts ont fleuri dans les grandes villes occidentales pendant la pandémie de Covid-19 sont en grande difficulté. Focus sur l’une d’entre elles : Getir, une entreprise turque qui cherche à devenir leader sur le marché mondial mais qui, en France, est contrainte de licencier.

Lors du lancement, en juin 2021, on pouvait lire sur les scooters de Getir, floqués en grosses lettres, « vos courses en quelques minutes ». C’était l’accroche de l’entreprise. Ça devait être une révolution post-Covid, reposant sur un pari : tout le monde va rester chez soi et commander depuis son canapé. Au début, c’était bien, assure Joann Tchissambo délégué CFDT chez Getir France : « Le discours de l’actionnaire était très intéressant, très alléchant.

C’est-à-dire que l’on sentait dans la communication qu’il y avait une vraie volonté de prendre soin des salariés, de permettre aux salariés de rentrer dans un projet dans lequel tout serait possible. Je suis arrivé dans l’entreprise en tant que livreur, me voilà aujourd’hui référent-stores de tous les stores [entrepôts, NDLR] en France. Donc, on ne peut pas dire qu’il n’y avait pas d’évolution. Quand aujourd’hui, un an et demi après, on voit que l’entreprise fait un plan de licenciement économique massif, c’est un choc. »

L’eldorado n’en était pas un
Le choc, car même sans être rentable, Getir a racheté ses concurrents Frichti et Gorillas l’hiver dernier. Mais la chute est douloureuse avec une perte de 100 millions d’euros en 2022. Les dettes cumulées des trois entreprises sœurs s’envolent. « Avec Getir, comme avec toutes les autres entreprises du quick commerce[livraison rapide], on a affaire à des entrepreneurs qui ont vu un eldorado et qui sont tous allés vers le même filon en pensant qu’il était à la fois prospère, important, rémunérateur, mais qui finalement se rendent compte qu’il ne l’est pas et qui, du coup, plient les gaules, explique Olivier Dauvers journaliste spécialisé dans le commerce. Il n’y avait pas malice à l’origine. Ils sont venus en France tout simplement parce qu’il y avait à leurs yeux un marché qui devait se compter en milliards d’euros… Au mieux, il se compte en centaines de millions ».

La part des produits qui nécessitent une urgence de livraison instantanée est finalement très faible. Cette surestimation du marché pousse Getir à changer sa stratégie : fermeture de tous ses entrepôts hors Île-de-France avec un plan de licenciement en cours et environ 900 salariés concernés. « C’est très compliqué parce que ce sont des gens qui étaient en CDI et qui avaient des engagements comme des emprunts, raconte Oumou Gassama également à la CFDT. Certains ont des situations personnelles qui font qu’ils ont besoin d’un salaire à la fin du mois et d’un coup Getir a coupé court à ça. »

FIBEE

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