«Ça dépasse le fait divers» : sa mère victime de soumission chimique, Caroline lance l’alerte

Auteure de « Et j’ai cessé de t’appeler papa », Caroline Darian se confie dans la Libre antenne d’Europe 1 sur sa mère qui a été victime de soumission chimique par son père. Au micro d’Olivier Delacroix, elle lance une alerte sur cette pratique, et raconte qu’elle aussi a pu être abusée par son géniteur.

>> Tous les soirs dans la Libre Antenne d’Europe 1, les auditeurs se confient et témoignent. Une difficulté, une mauvaise passe ou un moment de bonheur, notre Libre antenne est avant tout la vôtre. Au micro d’Olivier Delacroix ce soir-là, Caroline Darian, auteure de Et j’ai cessé de t’appeler papa, raconte pourquoi elle a lancé une alerte sur les réseaux sociaux contre la soumission chimique. À l’origine de cette campagne, un drame familial que sa mère a vécu en 2020. Elle se confie au micro d’Europe 1.

80 personnes ont agressé la mère de Caroline
« Le 2 novembre 2020 à 20h25, ma maman m’appelle pour me dire que mon papa, avec qui j’avais une relation très privilégiée, est en garde à vue : ‘Il a fait des choses très graves, il m’a droguée pour abuser de moi et me faire abuser par d’autres jeunes’. J’apprends quelques jours plus tard qu’ils ont été 80 à œuvrer sur ma mère (pendant dix ans) avec le protocole de soumission chimique hyper bien installé, orchestré pour des agresseurs sexuels du niveau de mon père, mais aussi du niveau de plein de personnes qui peuvent être des conjoints, etc. »

« Par rapport à cette affaire, qui est la mienne à la base et celle de mes deux frères et ma maman, j’ai découvert en creusant un tout petit peu plus que c’était beaucoup plus répandu. Ça ne touche pas que les femmes pour les agressions sexuelles, ça touche aussi des enfants, des nourrissons quand ils ne dorment pas la nuit et aussi des personnes âgées en cas de sénilité avancée. »

« Nous, ses enfants, on a été les témoins impuissants »
« C’est toute une famille et toutes les fondations qui s’écroulent. On essaye de se relever, d’avancer et d’apprendre à vivre avec mais c’est extrêmement compliqué. J’ai décidé de choisir la voie du combat, pour les femmes, pour les enfants. Je suis juste une victime, un dommage collatéral, mais ce que je traverse depuis trois ans m’a tellement marqué que j’ai décidé de monter au front, de faire changer les lignes en matière de prise en charge médicale, et j’espère avoir un rendez-vous avec le ministre de la Santé très bientôt. »

« Ma mère a vécu une errance thérapeutique pendant des années, et nous, ses enfants, on a été les témoins impuissants par rapport à tout ça. Il reste beaucoup de choses à faire de ce point de vue là, il faut arriver à faire changer le cours des choses. Ce qui est dommage, c’est que ça appartienne aux victimes, et aux victimes collatérales. On fait partie d’une société où il ne peut pas en être autrement. Quand vous vivez un drame terrible, soit vous décidez de lever le rideau, soit vous décidez d’en faire quelque chose pour la collectivité. »

Caroline pense avoir été elle-même victime de son père
Après s’être confiée au micro d’Olivier Delacroix, Caroline Darian est revenue sur ce drame auprès d’Europe 1. Elle précise que les policiers ont pu voir des images de l’agression de sa mère, et détaille le profil des agresseurs : « Certains sont revenus plusieurs fois. Ce sont des personnes âgées de 22 à 71 ans.

C’est un échantillon représentatif de la société française, des gens plutôt bien insérés dans la société. Certains ont des postes à responsabilité, sont pères de famille, ou marié, ou en couple. 49 d’entre eux ont pu être identifiés et écroués. Ces personnes-là sont en détention provisoire pour la plupart. Il y aura un procès l’année prochaine, sans doute début 2024. »

Caroline Darian pense avoir été elle-même victime d’une agression. « Les officiers de police du commissariat de Carpentras qui sont sur cette affaire depuis deux mois ont reconnu mon visage. Ils l’identifient parce qu’ils ont retrouvé des photos de moi où je suis supposée dormir à moitié dénudée. Je sais que je ne dors pas.

Je pense que moi aussi, j’ai été soumise chimiquement, mais on n’a pas de preuves tangibles, donc mon géniteur ne sera pas poursuivi pour ça. Lui nie, il dit qu’il ne m’a jamais droguée à mon insu. Il dit simplement qu’il m’a photographiée dans mon sommeil. »

La soumission chimique « dépasse le fait divers »
« En investiguant, en allant interroger des personnels de santé, en rencontrant d’autres victimes de soumission chimique, je m’aperçois que ce n’est pas un cas isolé, ça dépasse le fait divers. Ce sont des pratiques qui s’opèrent vraiment au sein de la famille, dans la sphère privée, et ça ne touche pas que les femmes mais plus largement des enfants, des personnes âgées. »

L’auteure explique qu’elle a rencontré des structures et des personnes qui recensent les cas de soumission chimique. « Ensemble, on a décidé de cofonder le mouvement ‘M’endors pas, stop à la soumission chimique’ pour prévenir et sensibiliser le plus largement possible sur ce qu’est ce genre de pratique qui est un fait de société, et il y a un véritable enjeu de santé publique derrière. »

Caroline Darian invite toutes celles et tous ceux victimes de soumission chimique à en parler à un médecin, et se rendre sur le site mendorspas.org pour trouver des informations complémentaires.

EUROPE1

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