Avant de pouvoir partir en vacances, nos Tricolores doivent bien négocier leur dernier virage de la saison, qui débute ce vendredi (20h45) par un déplacement au Portugal pour y affronter… Gibraltar. Attention à l’essoufflement et à la démobilisation.
Un petit Poucet contraint de délocaliser la rencontre loin de ses terres à cause d’un stade pas aux normes (ou plutôt un stade national toujours pas terminé), des joueurs quasiment amateurs qui charbonnent loin des terrains la semaine, des conférences de presse d’avant-match aux allures de kermesse durant lesquelles on teste les connaissances des professionnels sur les inconnus qui vont leur faire face : la Coupe de France a beau avoir livré son verdict le 29 avril dernier, son esprit plane encore, en ce milieu de mois de juin, sur cette fenêtre de qualifications à l’Euro 2024.
Et c’est dans ce contexte que l’équipe de France va écrire une nouvelle page de son histoire en rencontrant un adversaire absolument inédit : Gilbraltar, sa bizarrerie géographique, sa population totale ne dépassant pas la capacité du Stadium de Toulouse (33 000 personnes), ses 59 défaites et 251 pions encaissés en 76 matchs officiels depuis son affiliation à l’UEFA il y a dix ans de cela, sa 201e place au classement FIFA et sa série de cinq défaites de rang depuis un nul à domicile contre la Bulgarie (1-1), il y a un an.
Mandale et bascule
En mars dernier, la plaie qatarienne à peine cicatrisée, les Bleus ont entamé une ère nouvelle. L’ère du capitaine Kylian Mbappé, l’ère sans Karim Benzema, Raphaël Varane, Hugo Lloris et Steve Mandanda, l’ère de Mike Maignan, Randal Kolo Muani, Ibrahima Konaté ou Dayot Upamecano. L’ère sans Noël Le Graët, aussi.
Une ère qui doit mener cette joyeuse troupe au championnat d’Europe chez le voisin allemand, dans un premier temps, et qui a débuté presque comme sur des roulettes avec une mandale infligée aux Pays-Bas (4-0) et un succès acariâtre à Dublin (0-1) il y a deux mois.
Mais à Faro (Portugal), où les Tricolores sont accueillis ce vendredi, la configuration sera tout autre. « C’est un match que l’on veut jouer quand on est attaquant, a lâché Randal Kolo Muani. Ça peut être bon pour la confiance. Le coach fera les bons choix.
À nous de faire le travail sur le terrain face à une équipe qui jouera regroupée, avec un bloc bas. On aura le ballon. Il faudra trouver les décalages. » Ce que leurs prédécesseurs – la Grèce et les Pays-Bas – avaient plutôt bien fait en mars, s’imposant tous les deux sur le même score (3-0) face aux Llanis.
Les joueurs ont une bascule à faire sur le plan psychologique.
Didier Deschamps
Pour ceux comme Mbappé, Mike Maignan, Theo Hernández, Benjamin Pavard, Antoine Griezmann ou Marcus Thuram qui auraient déjà la tête loin du gazon en train de préparer leur avenir proche, ou les autres se sentant déjà en congés, la convocation à Clairefontaine est venue rappeler que la saison n’était pas encore terminée, et qu’ils devaient rester mobilisés. « On ne peut pas faire de miracle non plus, les joueurs étaient en décompression et en vacances, même s’ils savaient qu’ils y avaient ces deux matchs-là, a reconnu Didier Deschamps.
Ils ont une bascule à faire sur le plan psychologique. » Pas toujours simple, témoignait Konaté à l’antenne de RMC cette semaine : « C’est difficile parce que quand la saison est terminée, on aime bien couper, profiter avec la famille… Mais en fait, non. Tu dois toujours rester focalisé en gardant la forme physique. Ce qui est compliqué, c’est que tu ne coupes pas réellement. »
La glissade de l’an passé
En France, on sait que le mois de juin peut être traître : il y a un an, au bout d’une saison éreintante, la sélection au coq n’avait plus rien dans le moteur au moment des derniers efforts, lors de cette fameuse trêve internationale de fin de printemps, et n’avait remporté aucune de ses quatre rencontres de Ligue des nations (défaites 2-1 contre le Danemark et et 1-0 face à la Croatie au Stade de France, nuls 1-1 à Split et en Autriche).
Raison pour laquelle le Final Four de la compétition de l’UEFA s’écrit sans elle, en ce moment même. « Ça fait quelques années impaires que je suis là, et ce n’est jamais évident, a concédé la Dèche au sujet de cette période bâtarde. Quand il y a une compétition, il y a un objectif bien précis…
En année impaire, c’est plus compliqué. Je ne vais pas plaindre les joueurs, ils ont un gros calendrier très chargé, mais ils ont tous besoin de repos. Le dire, l’expliquer, le redire, oui, c’est mon rôle. On va faire en sorte que ça se passe du mieux possible. » Il y a toujours des choses à gagner lors d’un rassemblement.
Par exemple quand on se nomme Boubacar Kamara et que, grâce à la défection d’Adrien Rabiot, on retrouve le château un an après, à défaut de pouvoir partir en voyage de noces. Pour lui, et sans doute pour beaucoup d’autres, les quatre prochains jours seront peut-être cruciaux. « Si on est tous connectés, ça se passera bien, se rassurait Jules Koundé.
De par ce que j’ai vu à l’entraînement, je peux vous dire qu’il y a de l’intensité et que tout le monde est concerné. » Souvenez-vous : la dernière fois que Kylian Mbappé a officié en Coupe de France, il a fait trembler les ficelles à cinq reprises.
sofoot