Ligue des nations : tout sauf une sous-compétition

Ce dimanche, Espagne et Croatie vont s’écharper pour un titre jusqu’ici moqué, mais qui gagne chaque année un peu plus en crédibilité. Aux Pays-Bas, la Ligue des nations fait se déplacer des supporters en masse depuis trois jours et offre aux 23 joueurs de chaque pays l’opportunité d’enfin remporter un trophée.

Ligue des nations : tout sauf une sous-compétition
Depuis quatre jours, les Pays-Bas sont devenus l’épicentre du football européen. La Ligue des nations fait même exploser le tourisme local : des propriétaires d’AirBNB à Rotterdam n’hésitent plus à facturer 400 euros la nuit dans une chambre privée avec salle de bains partagée pour se reposer après une demi-finale Pays-Bas-Croatie, quand de l’autre côté du pays les hôtels d’Enschede affichent tous complet le soir de l’autre demi-finale Espagne-Italie.

Et pas la peine de chercher la moindre place pour la finale : les supporters des Vatreni ont fait la razzia sur les dernières entrées et devraient être plus de 25 000 ce dimanche soir à De Kuip. Beaucoup de ceux qui se sont rendus aux Pays-Bas ont d’ailleurs fait une croix sur des vacances en dehors du pays longeant l’Adriatique, ayant dépensé parfois plus de 800 euros pour quatre jours de bonheur footballistique, dans un pays où le salaire moyen est à peine à 1000 euros.

Pour Modrić et les autres
Une hype Ligue des nations vraiment ? Si la France n’a pas rempli les Champs-Élysées après avoir gagné face à la Roja en octobre 2021, les effectifs croates et espagnols ont eux explosé de joie lorsque l’arbitre donna le coup de sifflet qui les envoyait en finale. Et chacun clame son envie de gagner ce titre, pour des raisons différentes.

Côté croate, le capitaine Luka Modrić pourrait enfin finir avec la médaille d’or, après avoir raflé l’argent en 2018 puis le bronze en 2022 au Mondial. « Le titre de la Ligue des nations serait sûrement au sommet de tous mes accomplissements parce que cette compétition est très importante pour moi, confiait le numéro 10 à la télévision croate au début du mois de juin.

Si Dieu nous permet de gagner ce trophée, nous serions enfin au sommet. » Leader de la « plus grande équipe nationale de l’histoire de la Croatie » selon Zlatko Dalić, le joueur du Real Madrid rêve d’être celui qui soulèvera le premier trophée international de ce petit pays aux 3,9 millions d’habitants. Pour lui, comme pour tous les trentenaires du groupe, habitués à remplir le centre-ville de Zagreb après chaque tournoi.

« Le squelette de notre équipe est le même depuis longtemps. Nous jouons ensemble depuis longtemps, et l’Espagne a de nouveaux joueurs. Ils jouent dans de grands clubs, mais nous sommes ensemble depuis longtemps. On a gagné l’argent et le bronze, allons chercher ce qu’il nous manque », lance Ivan Perišić en conférence de presse ce samedi, aux côtés d’un coach qui jusqu’ici n’en avait rien à secouer de cette compétition où tout se joue en juin, alors que ses joueurs rêvent déjà de vacances sur l’île de Hvar.

« Je considérais la Ligue des Nations comme une compétition de peu d’importance et cela m’a causé des problèmes, avait concédé le sélectionneur croate le soir de la victoire face au Pays-Bas en demi-finales. Nous avons dû vivre un calvaire pour en arriver là. Il y a toujours des sacrifices, nous les avons faits depuis deux ans pour atteindre le summum lors du match d’hier. »

Aujourd’hui, il concède volontiers que la compétition portée par Aleksander Čeferin a « gagné en importance » et qu’elle a même « beaucoup de valeur » : « Nous voulons tout faire pour gagner. Le fait que toutes les équipes soient venues avec leurs meilleurs joueurs montre de quel type de compétition il s’agit. »

Une Ligue des nations pour rattraper le temps perdu
Et ce n’est pas son homologue espagnol qui le fera mentir. Malgré une équipe largement renouvelée et amputée de cadres préférant traiter des blessures de longue date, Luis de la Fuente tire un bilan hâtif de cette finale du Final Four : « Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est parce que nous sommes les deux meilleures équipes d’Europe. »

Lancé dans les flatteries un peu biaisées, le successeur de Luis Enrique enchaîne en proclamant Rodri « meilleur milieu de terrain d’Europe », reconnaissant que Modrić n’était pas mal non plus. Son capitaine, lui, est plus raisonnable, et évoque l’importance presque vitale de gagner pour cette génération espagnole, trop souvent comparée aux précédentes, bien plus dorées : « Demain, il faut transmettre au groupe que c’est une opportunité unique, que l’on a déjà eu cette expérience l’année passée contre la France et que là, on a une seconde chance. Ça serait vraiment beau de gagner un titre après tant d’années.

Ça nous donnerait la possibilité d’avoir une mentalité de gagnant pour les prochains tournois et de remettre l’Espagne au plus haut niveau. »

Parmi les 23 convoqués par Luis de la Fuente, seuls deux joueurs ont déjà gagné avec la Roja. Et ça remonte : Jesús Navas est le dernier survivant de la génération ayant gagné la Coupe du monde 2010, et Jordi Alba était là avec le latéral de Séville lors de l’Euro 2012. Depuis, l’Espagne s’est plus illustrée par sa passe à dix que pour son armoire à trophées.

« Même si l’Espagne n’a qu’une seule étoile, on ressent cette pression parce qu’il y a dix ans de ça, l’équipe ne faisait que gagner. Le public nous met la pression, mais nous aussi, pour gagner tous les titres possibles. On a fait un très bon Euro, on a perdu contre cette équipe et on est resté aux portes de la finale.

À la Coupe du monde on n’a pas réussi non plus, donc c’est une opportunité, une finale de plus et on va essayer de gagner cette coupe, qui serait un premier trophée international pour la plupart d’entre nous », insistait Aymeric Laporte au micro de la chaîne L’Équipe après la demie gagnée 2-1 contre l’Italie. Peu importe le vainqueur, cette Ligue des nations devrait donc faire des heureux, pour de vrai.

sofoot

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