Fatma Samoura : dernier tour de piste d’une pionnière à la FIFA

Fatma Diouf Samoura a annoncé mercredi dernier son départ de la FIFA, effectif à la fin de l’année 2023. Une nouvelle qui en a surpris plus d’un dans le monde du football. La secrétaire générale de l’instance dirigeante du football mondial a grandement participé, aux côtés de Gianni Infantino, au redressement et à la restauration d’une FIFA minée par des scandales financiers sous l’ancien président Sepp Blatter.

La Sénégalaise a marqué son passage par plusieurs missions en Afrique auprès de la Confédération africaine de football (CAF) et pour le développement du football féminin dans le monde.

Arrivée en mai 2016 suite à l’élection de l’Italo-Suisse Gianni Infantino comme nouveau président de FIFA, Fatma Samoura est la première femme à occuper le très stratégique poste de secrétaire général de l’instance. La Sénégalaise est aussi le premier représentant africain à ce poste de numéro 2 de la prestigieuse institution dirigeante du football. Un passage marquant pour cette femme de 60 ans qui a fait l’essentiel de sa carrière aux Nations unies.

Un profil inédit pour marquer la nouvelle FIFA
Sa nomination au poste de secrétaire général de la FIFA avait surpris les observateurs. Son départ annoncé mercredi dernier aura été encore plus surprenant. Méconnue des arcanes du monde du football, Fatma Samoura apparaît comme le complément parfait du président de la FIFA, Gianni Infantino.

Ce dernier débarque en mai 2016 après une année qui a vu l’organisation mondiale du football secouée par le plus grand scandale de corruption de son histoire à la suite d’une longue investigation menée par le FBI. La FIFA perdait alors plusieurs hauts responsables de son instance dirigeante dont son président Joseph Blatter et le président de l’UEFA, Michel Platini.

Gianni Infantino dit d’elle « une pionnière du monde du football. » « Dès que je l’ai rencontrée, j’ai su qu’elle accomplirait un travail remarquable parmi nous, estime-t-il. Sa passion et son enthousiasme dans la conduite des réformes sont une grande source d’inspiration. Fatma restera la première femme et la première personne africaine à occuper une si haute fonction à la FIFA.

Nous respectons sa décision et la remercions pour son dévouement et son engagement en faveur du football. Fatma continuera à contribuer au développement du football et à véhiculer ses valeurs sociales à nos côtés », s’est fendu le Infantino à travers un communiqué d’hommage.

Courroie de transmission FIFA – Afrique
Mystère médiatique à l’époque, Infantino promet un virage à 180 degrés dans la gestion de l’organisation. À ses côtés, un numéro 2 sorti de son chapeau de magicien. La Sénégalaise Fatma Samoura incarne ce nouveau départ. Ancienne des Nations unies où elle a passé plus de 20 ans, Samoura connaît parfaitement le continent pour avoir été dans les lieux d’affectation « les plus incertains et les plus difficiles (Djibouti, Cameroun, Tchad, Guinée, Niger, Madagascar et Nigeria) », a-t-elle expliqué. Pour la FIFA, elle est surtout une extraordinaire facilitatrice pour introduire encore plus la FIFA au sein des fédérations du continent noir.

Quoi de mieux qu’une des leurs pour les convaincre a dû se dire Gianni Infantino. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la présence de Fatma Samoura comme numéro 2 de la FIFA a facilité l’infiltration de l’instance au cœur de la CAF. Cette dernière est même allée jusqu’à se mettre sous tutorat de la FIFA en 2019 À sa tête ? Fatma Diouf Samoura bien sûr. Qui d’autre ? « La CAF m’avait demandé de venir corriger certains aspects de sa gouvernance. Je l’ai fait pendant six mois », a-t-elle rappelé dans une interview sur une chaîne sénégalaise.

En 6 mois, son passage a semble-t-il plutôt précipité la chute d’Ahmad Ahmad. Le Malgache, ex-président de la CAF, est empêtré dans des malversations financières. Sa mission expresse est articulée autour de 100 points, principalement la gouvernance mais surtout les finances de l’instance avec la bagatelle de 850 millions d’euros dans les caisses de la Confédération africaine de football.

Le football féminin en ébullition sous son impulsion
Le développement du football féminin a été le principal cheval de bataille de Samoura durant ses 7 années au sein de l’administration de la FIFA. Elle en a quelque part fait une histoire personnelle, multipliant les programmes de réformes pour ce football jadis négligé. « Je suis pleinement concentrée sur les préparatifs et la livraison de la Coupe du monde féminine, qui débutera prochainement en Australie et Nouvelle-Zélande », a-t-elle réagi suite à l’annonce de son départ prochain.

Sous son impulsion, la Coupe du monde féminine passe de 24 à 32 équipes participantes. Autant que pour le Mondial homme en 2022. En 2018, les fédérations nationales ont reçu la première stratégie mondiale de la FIFA pour le football féminin. Depuis son introduction, l’instance soutient que la croissance du football féminin a connu une accélération mondiale avec un objectif de 60 millions de joueuses en 2026.

L’instance a encouragé les associations membres à s’employer inlassablement dans la structuration et l’expansion du football chez les jeunes filles avec d’importantes subventions destinées exclusivement à la pratique du football chez les filles.

En décembre 2023, Fatma Samoura rendra le tablier après 80 mois comme secrétaire général de l’une des organisations « les plus gourmandes en temps et en énergie ». Mais sans regret a-t-elle confié. « Rejoindre la FIFA a été la meilleure décision que j’ai prise dans ma vie ».

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