Isabelle Moretti : « On peut promettre un bel avenir à l’hydrogène »

Ce gaz, que l’on savait présent sous les océans, l’est également à terre. Ses sources renouvelables exploitables naissent dans des contextes géologiques particuliers qui sont de mieux en mieux identifiés.

INEDIT. Pour la première fois de son histoire, la communauté scientifique s’intéressant aux émissions naturelles d’hydrogène se réunit en digital les 2 et 3 juin à l’occasion du congrès international H-Nat 2021. Les chercheurs vont faire le point sur les gisements potentiels à la surface du globe et sur les perspectives d’exploitation d’une énergie propre et possiblement renouvelable. Chercheuse à l’Université de Pau, Isabelle Moretti fait le point sur le potentiel de l’hydrogène naturel. Membre de l’académie des technologies, elle était l’une de nos interlocutrices dans le dossier « La solution hydrogène » du numéro 889 de Sciences et Avenir – La Recherche, daté mars 2021.

« Il y a un siècle on fabriquait le gaz de ville en brûlant du charbon, puis de grandes réserves de gaz naturel ont été trouvées et on a presque partout cessé de fabriquer ce gaz industriel qui coûtait plus cher que le natif, dont la fabrication était énergivore et polluante et qui contenait du monoxyde de carbone hautement toxique. La même évolution peut-elle avoir lieu pour l’hydrogène ? Sans doute, mais évidemment, comme toujours avec les ressources naturelles, pas partout. De l’hydrogène est généré journellement sur la planète : les roches s’oxydent au contact avec l’eau (H2O), gardent l’oxygène et libèrent l’hydrogène (H2) ».

« Des découvertes fortuites » de sources hydrogène

« Un phénomène connu depuis une quarantaine d’années sur les dorsales océaniques – ces chaînes de volcans sous-marins où se créent les océans – mais on est en train de réaliser que cela se produit aussi à terre. Après des découvertes fortuites par des foreurs qui cherchaient de l’eau, comme au Mali, ou des hydrocarbures, aux États-Unis ou en Australie, scientifiques, ingénieurs, industriels s’organisent. Les données du Mali, où la production d’hydrogène naturel a démarré il y a sept ans pour produire l’électricité du village voisin, montrent que la pression dans le puits ne diminue pas, ce qui signifie que le réservoir se remplit en permanence. Les contextes géologiques propices à la découverte de sources d’hydrogène naturel se dessinent à mesure que la recherche progresse ».

« Un hydrogène renouvelable et peu cher viendra compléter celui issu des électrolyseurs »

« Ce sont d’une part les régions où des roches issues du manteau terrestre se retrouvent au contact soit de l’eau de mer, comme au niveau des dorsales océaniques, soit de l’eau de pluie, comme dans le rift africain ou en Islande. Ensuite, dans des régions où d’anciennes croûtes océaniques subissent des phénomènes de compression (Oman, Nouvelle-Calédonie…). Enfin, à proximité de roches riches en ions métalliques comme le fer sur des portions très anciennes de la croûte continentale telles qu’on peut en trouver en Australie, en Russie, aux États-Unis ou au Brésil. Cet hydrogène renouvelable et peu cher viendra compléter celui issu des électrolyseurs. De quoi promette un bel avenir à l’hydrogène ».

Source: sciencesetavenir.fr

1 Commentaire

Laisser un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

You may like